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lundi, 29 août 2022 09:37

Mission? Communication! Les 80 ans du Père Lombardi sj

Une vie dédiée à la communication de l'Eglise, le Père Federico Lombardi sj, en 2016 © Vatican NewsLe Père Federico Lombardi a fêté ses 80 ans le 29 août. Ce jésuite italien a voué sa vie à la communication en Église, conçue comme une mission d'évangélisation. Directeur de la Salle de presse du Saint-Siège de 2006 à 2016, ancien directeur de Radio Vatican et du Centre de télévision du Vatican, Federico Lombardi sj est une figure de proue de la communication ecclésiale de l'après-concile Vatican II. Il a accompli son travail avec passion, compétence et intelligence, selon les retours de nombreux journalistes, vaticanistes en particulier. Dans un entretien accordé à Vatican News, il explique quel sens il met aux mots vocation de journaliste.

Federico Lombardi sj est aujourd'hui président de la Fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI et supérieur de la communauté religieuse jésuite réunie autour de la revue culturelle jésuite La Civiltà Cattolica. C'est précisément au sein de ce médias qu'il avait fait ses premiers pas de journaliste en 1973, avant d'en devenir le rédacteur en chef adjoint, en 1977. Dans un entretien aux médias du Vatican, le Père Lombardi revient sur certains passages fondamentaux de sa vie et de sa profession vécue aux côtés des trois derniers papes.

Père Lombardi, avec quels sentiments vivez-vous ce 80e anniversaire, qui précède de quelques jours votre 50e anniversaire d'ordination sacerdotale, le 2 septembre prochain?

«Je suis surpris d'y être arrivé! Quand nous sommes jeunes, nous pensons tous que 80 ans, ou 50 ans de sacerdoce, c'est très loin, que ce sont des objectifs de personnes très âgées... Et puis, jour après jour, on s'en rapproche et on finit par y arriver, et peut-être même par aller au-delà. C'est une surprise accompagnée de beaucoup de gratitude, car je ne peux que rendre grâce, tant pour la vie que pour avoir été appelé à vivre cette vie de religieux et de prêtre. C'est un temps d'action de grâce, avec aussi un bilan sur ma propre vie. Ce que j'ai reçu est tellement grand qu'il n'y a qu'à remercier le Seigneur avec étonnement et à dire: «Merci, tu m'as donné tant de temps et tant d'occasions et tant de preuves de ta grâce! Merci de m'avoir accompagné jusqu'ici. J'espère avoir répondu de manière acceptable au cadeau que tu m'as fait.»

Vous avez consacré près de 50 ans au service de la communication de l'Église et du Saint-Siège. Qu'avez-vous appris -même si bien sûr une synthèse est difficile- de ce service auprès de différents Souverains pontifes et de ces années marquées par un développement technologique rapide, aussi dans le champ de l'information?

«J'ai appris par expérience -et il m'a fallu du temps!- que la communication, pour une personne vivant dans la foi et dans l'Église, est une participation à la mission d'évangélisation. Cela fait précisément partie des perspectives dans lesquelles on peut voir toute la réalité du monde, de l'histoire, de la relation avec Dieu et entre les hommes. Notre Dieu est un Dieu qui communique, un Dieu qui s'est communiqué à nous avec des mots, avec la Révélation, avec l'envoi de Jésus-Christ. Toute l'Église a donc une mission, qui est de communiquer, de faire connaître, de répandre cette Parole du Seigneur. Comprendre que si l'on est appelé à travailler dans le domaine de la communication, on est appelé à collaborer -de manière et avec des tâches spécifiques- à la nature même de l'Église et à la relation entre Dieu et l'humanité.»

Vous êtes jésuite, vous avez aussi été provincial d'Italie. Comment la spiritualité ignatienne a-t-elle influencé votre façon de travailler en communication?

«La spiritualité ignatienne nous apprend, nous aide et nous éduque à voir Dieu en toutes choses, à voir l'œuvre du Seigneur autour de nous, dans la réalité et dans les personnes qui nous entourent. Elle nous aide donc à lire la réalité, les personnes et les événements dans une perspective de foi, comme la présence du Seigneur à l'œuvre. Saint Ignace parle du Seigneur comme de quelqu'un qui travaille: cela m'a toujours beaucoup frappé. Dieu agit autour de nous dans les événements, dans l'histoire, dans les personnes, et il s'agit de le connaître, de le voir, de le re-connaître dans cette œuvre qui est la sienne, et d'aider les autres aussi à le voir, à le comprendre et à l'accueillir dans cette présence qui est la sienne.»

Jean-Paul II, Benoît XVI, François... Vous avez eu l'occasion d'être un proche collaborateur des trois derniers papes. Que retirez-vous, sur le plan personnel et professionnel, d'une expérience aussi extraordinaire, presque unique?

«J'ai toujours conçu mon travail comme un service et il m'a toujours semblé clair que le pape est un serviteur, un grand serviteur de l'Église et de l'humanité, de la présence de Dieu dans le monde. Et j'ai donc été appelé à servir ce service, à collaborer à ce service. Au fil du temps, cet appel à la collaboration m'est apparu comme un cadeau, parce que la mission que les papes accomplissent est vraiment une mission merveilleuse pour le bien des gens, de l'humanité, des croyants! J'ai pu collaborer, mettre toutes mes forces au service de cette mission, en aidant à la faire comprendre et connaître via nos canaux de communication.»

Ceux qui ont eu le privilège de travailler avec vous savent l'attention que vous avez toujours portée aux jeunes, à leur épanouissement personnel et professionnel. Aujourd'hui, à un jeune homme ou une jeune femme qui souhaite embrasser la profession de journaliste, quel conseil donneriez-vous?

«Je lui dirais que son métier peut être beau, mais qu'il doit être vécu comme une vocation: pas seulement comme une carrière où l'on développe des compétences techniques, mais comme un moyen par lequel on aide les gens à en rencontrer d'autres, à établir une communication qui soit compréhension, dialogue mutuel. Une communication qui aide à connaître la vérité et à ne pas tromper les autres; dans laquelle on apprend à souligner aussi les aspects positifs et pas seulement le drame de la souffrance ou les problèmes posés par le mal et l'injustice. Certes, il faut les dénoncer, mais il faut aussi être capable de montrer une présence, souvent un peu plus cachée mais tout aussi importante, de bonté, d'amour.

Cela me semble être l'idéal pour évoluer dans le domaine de la communication, avec toute la patience et le concret qu'il faut, pour apprendre, jour après jour, à bien communiquer, même d'un point de vue professionnel. Ne pas se laisser dominer par les compétences technico-professionnelles, mais savoir que celles-ci doivent être mises au service de quelque chose de grand et de beau afin de construire ensemble une société et une communauté civile ecclésiale dignes.»

Entrée de la communauté jésuite de la Civiltà Cattolica, Rome 2022 © Lucienne BittarVous avez 80 ans, mais vous êtes toujours actif dans le domaine de l'information, à La Civiltà Cattolica, ainsi qu'au Vatican en tant que président de la Fondation Ratzinger-Benoît XVI. On peut donner beaucoup, même en tant que personne âgée, comme l'a souligné le Pape François dans sa récente catéchèse sur le «troisième âge»...?

«Tant que l'on peut, tant que l'on a de la force, il est bien sûr bon d'accomplir le service que l'on nous demande. Parfois, c'est un service qui change un peu de style, de nature et aussi d'effets: une personne âgée se sent peut-être moins appelée à être sur les dernières nouvelles, mais davantage sur la réflexion, sur la recherche du sens des choses, sur les valeurs, mais aussi sur l'avenir, car il ne faut pas se replier sur soi. Un avenir dans lequel les choses essentielles continuent de montrer la voie. Précisément, un peu traditionnellement, je considère que le vrai, le bon, le beau continuent à être les points de référence de notre vie et notre perspective d'espérance.»

(Vatican News/choisirLB)


Lors de la première vague de la pandémie au covid-19, le Père jésuite Federico Lombardi a livré sur Vatican News, durant près de quatre semaines, ses réflexions sur cette crise traversée part le monde. Extraits choisis, pour en faciliter la lecture. «L'expérience de la pandémie, même quand elle sera surmontée, restera certainement une expérience commune d'incertitude, d'insécurité, de difficulté à gouverner le chemin toujours plus complexe de la société contemporaine. Nous ne savons pas si, à l'avenir, nous considérerons cette pandémie comme une opportunité de croissance dans la solidarité ou comme une nouvelle source de tensions internationales et de déséquilibres sociaux», écrivait-il alors, appelant chacun à la patience, au questionnement et à la conversion spirituelle.

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