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mercredi, 01 septembre 2021 11:48

Sìrìrì, un projet inspiré par Paolo Dall’Oglio sj

Siriri«J’ai entamé ce projet suite à une rencontre marquante avec le Père Paolo Dall’Oglio. Ce jésuite italien s’investissait au Moyen-Orient, en Syrie plus précisément, et pratiquait une communion interreligieuse. Cet homme, épris de foi et de justice, était profondément respectueux des musulmans. Un sujet évidemment brûlant dans le monde, comme en Suisse.» Extrait de la note d'intention du réalisateur à propos de son documentaire Sìrìriì, publiée dans le dossier de presse.

La nécessité d’apporter un témoignage d’ouverture et de tolérance n’a cessé de croître au fil de mes préoccupations. Elle s’inscrit aussi dans la continuité de ma démarche, mon attachement à la compréhension de l’autre en parcourant des univers mal connus et truffés de préjugés. Cette même philosophie anime mes films précédents, La fureur de voir et Hiver Nomade.

Le Père Paolo a disparu en 2013, enlevé par le groupe État islamique. Aujourd’hui, il est mort. Frappé par la perte d’un personnage emblématique du sujet qui me tient à cœur, j’ai exploré plusieurs pistes de par le monde. L’une d’elles s’est imposée en 2017: l’engagement commun d’un cardinal et d’un imam dans un pays, le Centrafrique, où chrétiens et musulmans sont dressés les uns contre les autres par des groupes armés en quête de pouvoir qui cherchent à faire main basse sur les ressources du pays.

Convaincus que ce conflit n’a rien à voir avec une guerre de religions, le cardinal et l’imam se sont mobilisés pour rétablir les vérités. Dans cette dynamique où il serait si facile de se laisser emporter par la vague de haine et de ressentiment, comment choisissent-ils d’emprunter résolument la voie de la réconciliation? De promouvoir le pardon au-delà de sa propre religion alors que l’autre est devenu par définition un ennemi à abattre? Cette question, ténue et emplie d’ambivalence, est la matrice de mon film. C’est dans ce contexte que j’ai filmé de près l’union sacrée de mes deux protagonistes. J’ai retrouvé dans leurs discours, mais encore plus dans leurs actes, le souffle et la détermination qui m’avaient tant frappés chez le Père Paolo. Comme lui, ils n’hésitent pas à risquer leur vie pour ne pas faillir à leurs convictions. Plus que leurs statuts de hauts dignitaires ou leurs pensées théorisées, c’est la manière dont ils mènent leur combat et affrontent le réel qui me paraît inédite et qui permet de toucher le spectateur. Ils pourraient paraître héroïques, pourtant ce sont d’abord des hommes de foi, avec des succès, des défaites, des frustrations et des contradictions, mais surtout des hommes qui font du mieux qu’ils peuvent.

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