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jeudi, 06 décembre 2012 11:32

Noël après l’Apocalypse !

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Avez-vous déjà acheté votre dinde de Noël ? Non ? Alors un bon conseil : attendez encore un peu, car la fin du monde pourrait bien arriver d’ici peu ! Du moins d’après plusieurs croyances qui nous prédisent que d’ici quelques jours devrait nous tomber sur la tête toute une série de cataclysmes. En effet, voilà la fin des 5125 années du compte long des Mayas, interprétée par d’aucuns comme l’achèvement du calendrier... Selon d’autres, le 21 décembre 2012 marquera la fin du monde ou une catastrophe similaire. Autrement dit : à votre place, j’attendrais pour voir !

J’en étais là de mes réflexions, lorsque je fus happé par la devanture de fête d’un supermarché. Il y avait là, au milieu des guirlandes et des sapins faussement enneigés, une icône de la Nativité. Vous savez, une représentation de cet événement que certains célè­brent chaque 25 décembre et qui annonce une Bonne Nouvelle ? « Un enfant nous est né. » Mais faut-il vraiment s’en réjouir ? Il en naît quelques centaines de milliers chaque seconde sur notre planète, de ces enfants, et je ne suis pas certain que ce soit à chaque fois une bonne nouvelle ! Il y en a trop parmi eux qui se retrouvent dans une situation sans avenir, sans même l’assurance de pouvoir manger à leur faim. Je me suis senti d’un coup très vieux, décidé à aller m’enfermer dans « mon chez moi » pour ne pas entendre les chants faussement joyeux qui ne résonnent plus dans nos logis et n’allument plus d’étoiles dans les yeux des passants. Il fait si froid depuis qu’on a vendu Noël aux marchands, même dans nombre de nos églises.

Et voilà qu’à la une de certains de nos quotidiens de cette semaine de novembre, je lis ces lignes : « La situation de l’Eglise est dramatique, non parce que nous y sommes de moins en moins nom­breux, mais parce qu’il y manque le feu. » C’est Martin Werlen qui le dit, l’abbé du couvent bénédictin d’Einsiedeln. Emboucherait-il lui aussi les trompettes qui annoncent la fin du monde ? Non, il ne fait que citer Jésus dans l’Evangile de Luc (12,49) : « Je suis venu apporter un feu sur la Terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » Ce même Evangile dans lequel on lit dans la nuit de Noël le message de la Bonne Nouvelle. Le ton surprend pour un homme d’Eglise, membre de la conférence épiscopale de notre pays. Il est celui de la provocation. L’auteur ne s’en cache pas et rappelle qu’il y a dans provocation le mot vocation. Son texte est un appel. Le pasteur Martin Luther King avait lancé jadis au monde entier : « I have a dream ! » L’Abbé Martin Werlen, lui, ne rêve pas : il vit, intensément. Surtout depuis qu’il s’est réveillé après des semaines de coma, dues à un grave traumatisme crânien subi en jouant au badminton. Il a pris conscience qu’il avait failli y rester ; il a dû réapprendre à parler et à lire. Le voilà à nouveau debout, prêt à lancer toutes ses forces dans un combat qu’il sait pouvoir gagner, puisque soutenu par Celui qui l’a re-suscité.

Pendant que d’autres prélats se murent dans leurs peurs et ne savent parler qu’en interdits, voilà Martin Werlen qui lance des propositions pour que l’Eglise soit à l’écoute du monde et que l’Evangile puisse naître en chacun : « On pourrait élire pour cinq ans des croyants du monde entier, femmes, hommes, jeunes et moins jeunes qui rencontreraient le pape régulièrement. Personne n’aurait alors à se faire du souci pour sa propre carrière. » Ce qu’il envisage, c’est plus qu’une simple réforme, c’est une re-naissance ! On les voit déjà, ces « cardinaux new look », partageant dans nos curies et jusqu’au Vati­can leurs expériences, leurs joies et leurs peines de monsieur-et-madame-tout-le-monde, afin d’y faire entendre ce que nos prélats n’arrivent plus à percevoir : la respiration d’un Enfant qui vient de naître et demande toute notre attention. Car toutes les annonces prévisionnelles catastrophistes, tous les diktats de nos news ou les affirmations de nos certitudes ne parviendront pas à faire taire le cri de vie du nouveau-né.

Je posais l’autre jour la question à des parents lors du baptême de leur enfant : « Savez-vous ce qu’il y a de plus important à comprendre dans cet enfant que Dieu vous donne, pour l’accueillir dans votre famille comme il est accueilli aujourd’hui dans la famille de Dieu ? Cet enfant avec qui rien ne sera jamais plus comme avant, jamais plus comme vous l’avez pensé, organisé, prévu... » Il dérange ! Joyeux Noël et bonne « nouvelle » année !

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