Canicules, feux de forêt, fonte des glaciers… Les dérèglements climatiques sont de plus en plus tangibles. Ajoutés aux rapports sur la sixième extinction des espèces et l’épuisement des ressources naturelles, ils génèrent des émotions comme la peur, l’impuissance ou la tristesse, pouvant aller jusqu’à la dépression. Pourquoi les Églises -en particulier l’Église romaine- ont-elles été si longues à réagir en matière d’environnement? Où en sont-elles aujourd’hui?
Fondateur du Laboratoire de transition intérieure (EPER, Action de Carême), Michel Maxime Egger (sociologue et écothéologien) a écrit plusieurs ouvrages sur l’écospiritualité, dont Soigner l’esprit, guérir la Terre (Labor et Fides 2015, recensé in choisir n° 669). Dernier en date, Réenchanter notre relation au vivant (Jouvence 2022).
Cœur de la Campagne œcuménique 2016, l’initiative fédérale pour des multinationales responsables n’a pas qu’une signification juridique. Prise au sérieux dans toutes ses implications, elle est aussi une contribution à l’« écologie intégrale » prônée par le pape François.
« Nous n’avons jamais autant maltraité ni fait de mal à notre maison commune qu’en ces deux derniers siècles », affirme le pape François dans sa forte encyclique Laudato si’. La « maison commune », c’est notre mère la Terre et tous les vivants qui l’habitent, en particulier tous nos frères et sœurs humains. Les gémissements de la nature « opprimée et dévastée » sont en effet inséparables de la clameur des pauvres. Les deux sont victimes du système économique dominant - croissanciste, productiviste, consumériste (CPC) - qui est écologiquement non durable et socialement inéquitable. Ce système est caractérisé par la démesure et l’irresponsabilité, une exploitation « inconsidérée » des ressources et un irrespect des limites de la planète et des personnes. Le pape François pointe du doigt notamment les activités de multinationales « qui s’autorisent dans les pays moins développés ce qu’elles ne peuvent dans les pays qui leur apportent le capital ».
Les Assises chrétiennes de l’écologie, qui ont réuni plus de 2000 personnes fin août à Saint-Etienne, l’ont montré : il y a aura un avant et un après «Laudato Si’» dans l’Eglise catholique. Le pape appelle chaque habitant de la Terre à une conversion radicale par étapes, synthétisées et analysées ici.[1]
Face au désastre climatique qui s'annonce, nous sommes appelés à une véritable mutation qui prenne en compte le besoin de développement économique du Sud et les critères de justice. A la fin de cette année, une nouvelle convention internationale sur le climat sera adoptée à Copenhague. L'enjeu est de taille : la survie des pays du Sud dépendra en partie des décisions qui y seront prises, comme l'affirme la Campagne oecuménique de Carême 2009.