«Les problèmes dont nous informent quasi quotidiennement nos partenaires varient beaucoup selon les pays. Un même fil conducteur cependant relie tous leurs rapports et nos entretiens: le manque de formation scolaire et professionnelle constitue le terreau idéal pour les conflits», note le Père Toni Kurmann sj, président de la Fondation Jésuites International, l’organisation caritative des jésuites suisses. «C’est la raison pour laquelle l’enseignement et la formation jouent chez les jésuites un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté, l’injustice et les crises.»
«Nous revenons souvent de vacances avec de nombreuses images dans la tête ou sous forme numérique. Des images fortes qui façonnent notre vision du monde», note le Père Toni Kurmann sj, président de la Fondation Jésuites International, l’organisation caritative des jésuites suisses. «Les religions ont créé leur propre langage visuel. À l'exemple de la tradition judéo-chrétienne qui fait appel à un vaste panel d’images pour transmettre l’histoire de la relation entre Dieu et les Hommes», explique-t-il. «Aujourd’hui, forts des possibilités technologiques qui leur sont offertes, les jésuites se lancent dans le cinéma et la vidéo pour dénoncer des situations inégalitaires, expliquer leur pourquoi et proposer des alternatives.» (pages 6 et 7)
Nous souhaitons vous présenter ici deux aspects très différents de l’éducation telle que nous, jésuites, la concevons. Tout d’abord, en vous parlant de notre expérience au Kosovo. Dans la grande ville de Prizren, une école catholique a été fondée en 2005 à la demande, notamment, de parents musulmans. Il s’agit du lycée jésuite Loyola, ouvert à des enfants de toutes les religions. Dans cette école, l’éducation est axée sur des valeurs et en faveur de l’inclusion, également hors des murs de l’école. Depuis 2016, une cinquantaine d’élèves s’occupent en effet d’enfants roms du voisinage (page 4).
Présent dans presque tous les pays d’Amérique latine, le réseau éducatif Fe y Alegría (Foi et joie) répond au principe d’educación popular et permet de dispenser une éducation intégrale. Environ 1,6 million d’enfants et d’adolescents vivant en marge de la société, dans des favelas ou des régions isolées, profitent de ce concept éducatif efficace qui s’implanter àgalement en Afrique. La Fondation suisse Jésuites international présentons en quelques pages son antenne tchadienne, où la formation scolaire des filles, comme dans bien d’autres pays, représente un véritable défi. Au lieu d’apprendre, et ainsi de bâtir leur avenir, les familles les retirent très tôt de l’école pour leur confier toutes sortes d’obligations quotidiennes. Avec votre soutien, nous souhaitons permettre la scolarisation et l’éducation de nombre de jeunes Africains et Africaines. Merci beaucoup !
Père Toni Kurmann sj,
Procure des missions
Lire les pages 5 à 12 du supplément paru dans la revue choisir n°682 de janvier-février-mars 2017: IHS_682.pdf
Bien trop nombreux dans le monde sont celles et ceux dont la vie est marquée par le terrorisme, la guerre ou encore la misère liée à leur condition de réfugié. Que pouvons entreprendre pour lutter contre ces exactions ? Proposer aux populations concernées une solide formation est l’une des réponses les plus souvent avancées. Cette démarche est-elle fondée?
Chères lectrices, chers lecteurs,
Voilà l’été, et avec la saison des voyages, nous nous transformons en étrangers au-delà de nos frontières et faisons de nouvelles expériences. La vraie tolérance implique le respect de la spécificité de l’autre. Et seule la compréhension mutuelle permet d’agir ensemble, pour atteindre des objectifs communs. Ces valeurs sont également les éléments clés de la Mission. En définissant celle-ci comme une «théorie et pratique de la rencontre ecclésiale avec l’autre» (Christine Lienemann-Perrin), on lui confère une importance capitale. En effet, interprétée ainsi, la Mission incarne, dans notre monde globalisé, des valeurs résolument contemporaines. Mais ce n’est pas qu’en vacances que nous rencontrons des étrangers, nous le faisons également ici, quotidiennement. Le défi consiste à bâtir ensemble un monde qui ait du sens pour tous.
Sur le plan théorique, nous avons nos valeurs chrétiennes. Dans la pratique, nous devons faire appel aux expériences faites avec les étrangers. Que ce soit en tant que spectateur d’une performance du «jésuite dansant», le Père Saju, dans une église baroque suisse, ou en accomplissant son service civil en Indonésie : l’expérience faite avec l’autre change notre propre vision du monde. Après leur retour de l’étranger, on observe ainsi chez ceux qui ont accompli leur service civil, ou chez les volontaires, la volonté de s’engager ici, au sein de la société et de l’Eglise. Nous-mêmes faisons de précieuses expériences via le dialogue avec nos partenaires de projets. Elles sont utiles à la poursuite de notre collaboration et nous aident à offrir aux populations locales un meilleur avenir. Nous sommes intimement convaincus que l’éducation permet non seulement aux individus de s’épanouir, mais les prépare également à prendre des responsabilités dans leur entourage privé ainsi que dans la société. Nous vous remercions pour le soutien que vous apportez à de nombreux projets qui, bien que paraissant souvent insignifiants, n’en demeurent pas moins très efficaces.
Père Toni Kurmann sj
Procure des missions
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Chères lectrices, chers lecteurs,
WAR STOPS EDUCATION – EDUCATION STOPS WAR
C’est un fait, lorsque des enfants sont obligés de fuir leur terre d’origine, cela revient à leur «voler » leur avenir, notamment en ce qui concerne leurs chances d’accéder à l’éducation. Pour empêcher ce phénomène, nous nous engageons cette année en faveur de la campagne internationale Mercy in Motion du JRS, le Service jésuite des réfugiés. Il est indéniable qu’une solide formation est la clé permettant à chacun de façonner son propre avenir et de contribuer au bienêtre général. Aussi sommaire que puisse paraître le slogan La guerre empêche l’éducation – l’éducation empêche la guerre, les fauteurs de guerres et prêcheurs de haine savent pertinemment que les hommes et les femmes à faible niveau d’éducation sont plus facilement manipulables.
Traduit librement, Mercy in Motion pourrait signifier « je veux m’engager pour ce qui me va droit au cœur ». Une forme d’engagement déjà est de parler de cette campagne de dons à vos proches et d’offrir des cahiers d’école dont la page de couverture est illustrée de dessins d’enfants réfugiés. Vous pouvez à tout moment vous adresser à nous pour les obtenir.
Encore un dernier mot en ce qui nous concerne : nous avons changé de nom. Nous ne nous appelons plus Mission jésuite mais la Fondation jésuites international. Pourquoi ? En raison de l’interdiction des jésuites jusqu’en 1973, nous avions pour raison sociale « Fondation Franz Xaver ». Ce qui était source de malentendus auprès des administrations fiscales et de nos interlocuteurs internationaux. Nous avons donc changé de nom et aussi de numéro de compte, mais notre travail, lui, n’a pas changé.
Père Toni Kurmann sj
Procure des missions
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Au Cambodge en 1993, Sok Eng - une enseignants cambodgienne âgée de 62 ans - a commencé à travailler pour le Service jésuite des réfugiés (JRS) dans différents projets de développement, de santé et d’éducation. «Aujourd’hui encore, je m’engage aux côtés des jésuites du Cambodge pour que mon pays se remette de son passé et que la jeune génération bénécie d’une bonne formation.»
Nombre des collaborateurs de l’époque - qui ont travaillé pour le JRS dans les camps de Thaïlande et sont retournés avec eux au Cambodge - s’y trouvent aujourd’hui encore. Kike Figaredo, venu d’Espagne comme jeune jésuite, est responsable depuis l’an 2000 du diocèse de Battambang en tant que préfet apostolique. Soeur Denise Coghlan, une religieuse australienne, dirige quant à elle le JRS au Cambodge et a mis sur pied à Siem Reap un centre spirituel axé sur la réconciliation, la paix et la rencontre des religions. Jub Phokthavi, bénévole thaïlandais dans les camps, fut en 2009 le premier à être ordonné jésuite au Cambodge et y travaille aujourd’hui comme curé. Après différentes étapes en Afghanistan, au Sri Lanka et au Timor Oriental, Noël Oliver, un Frère jésuite indien, est quant à lui retourné au Cambodge. Tous les quatre comptent parmi les pionniers des projets mis en place par les jésuites au Cambodge.
Lire le supplément ci-dessous :
Suite à la parution de notre premier supplément dans la revue choisir, nombre de lectrices et lecteurs de Suisse romande ont fait des dons pour financer les projets éducatifs de nos partenaires à travers le monde. En tant que directeur de l’organisation caritative « Jésuites international », je vous remercie de tout cœur pour votre soutien.
Il y a peu, en visitant divers projets en Afrique, j’ai à nouveau pris conscience, de manière aiguë, de l’importance que revêt votre aide. Que ce soit en Côte d’Ivoire ou en République centrafricaine, ce sont les personnes pauvres et socialement défavorisées – comme si souvent – qui pâtissent le plus des difficiles situations politiques et économiques. En lançant sur place un large éventail de projets sociaux et éducatifs, les jésuites et leurs équipes effectuent dans ces régions un travail de base particulièrement précieux, dont les populations locales profitent directement.
Dispenser aux jésuites opérant en Afrique une formation de qualité est essentiel afin d’acquitter notre engage-ment « pour les autres ». Par exemple celle que reçoivent mes jeunes frères africains à l’Institut de théologie de la Compagnie de Jésus à Abidjan. L’un des enseignants de cet établissement est le jésuite suisse Alain Decorzant. Tout comme Luc Ruedin sj, qui a travaillé en République centrafricaine au Service jésuite des réfugiés (JRS), Alain Decorzant sj contribue à créer une passerelle entre les Suisses et toutes celles et tous ceux qui habitent en Afrique, ce continent émergeant, mais en passe à de grandes difficultés.
Père Toni Kurmann sj
Procure des missions
L’éducation et la formation sont la clé qui permet de résoudre de nombreux problèmes sociaux et économiques auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Elles posent également les fondements d’une cohabitation harmonieuse entre les personnes de différentes cultures et religions. L’éducation et la formation sont donc au cœur de notre mission, à savoir « être des hommes pour les autres ».
Grâce aux nombreux dons en provenance de Suisse, notre organisation caritative ‹ Jésuites international › soutient de nombreux projets d’écoles et de formation dans les régions pauvres ou en crise d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud. Nous voulons que les hommes – indépendamment de leur couleur de peau, de leurs revenus, de leur confession ou de leur sexe – aient accès à une formation et à un métier et puissent s’épanouir sur le plan personnel. Nous soutenons de manière ciblée des projets à effets durables, les programmes de promotion de la femme étant l’un des points forts de notre travail.
Qui apprend et se perfectionne peut prendre sa propre vie en main et a la chance de pouvoir s’engager dans la société. Généralement, l’apprentissage et la formation constituent également un bon rempart contre les idéologies haineuses et la violence.
D’Afghanistan en Afrique centrale, les offres de formation sont garantes de stabilité et de structures transparentes. Des jésuites du Sud-Soudan ont rapporté que des réfugiés de guerre passés par les bancs de nos écoles ont refusé par la suite de repartir au combat. La formation ouvre de nouvelles perspectives pour l’avenir. C’est ce pour quoi nous nous engageons, grâce à votre soutien et avec l’aide de nos partenaires de projets dans le monde entier.
Père Toni Kurmann sj
Procure des missions