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jeudi, 28 mars 2019 09:07

La Vérité du travail

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Travail avril19© Sergey Nivens/Adobe StockCette édition s’attaque aux conséquences de la robotisation et du numérique sur le travail, les mentalités et, plus profondément encore, sur notre rapport à la Vérité. Mensonges, fake news, post-vérités… Ces termes reviennent constamment dans nos médias. Comment s’y retrouver et séparer le bon grain de l’ivraie en termes d’information ? Nous sommes entrés dans une ère où la perception du vrai se passe des faits et de la connaissance, pour se loger dans l’émotion et l’avis personnel, ré-ouvrant la voie à la rumeur et détrônant au passage les professionnels des médias. C’est le sujet de notre dossier Bullshits.

Mais il n’y a pas que le métier de journaliste qui soit frappé de plein fouet par la quatrième révolution industrielle. C’est tout le marché du travail qui est chamboulé. À l’occasion de son centenaire, l’OIT a lancé un vaste mouvement de réflexion sur l’avenir du travail. Convaincue que le travail vise le bien-être matériel et spirituel de l’Homme, l’institution onusienne a développé dès le départ des liens particuliers avec l’Église, puis plus largement avec les religions. Lors d’une rencontre interreligieuse, organisée à l’OIT en février dernier par le Saint-Siège, les représentants catholiques, réformé, juif, musulman et bouddhiste ont martelé d’une même voix que le travail n’est pas un produit que l’on peut commercialiser. Au service de la cohésion communautaire et de la dignité de l’Homme, sa fonction principale -outre de permettre à ceux qui l’effectuent de gagner décemment leur vie- est la maîtrise de l’environnement et le développement de projets socio-économiques collectifs visant le bien commun.

Le cadre est posé, reste à le maintenir. Le défi tient du combat de David contre Goliath ! Auquel choisir apporte sa petite pierre avec ce riche dossier. La mondialisation guidée par le profit économique et associée au numérique a multiplié les nouvelles formes d’emplois, notamment informels, créant des opportunités mais aussi d’inédites souffrances et nombre d’exclus. Beaucoup parmi ceux qui ont la chance d’avoir un travail stable se plaignent de la perte de sens de leur activité. Noyés dans les normes et les procédures faisant office de nouvelle Vérité, les employés deviennent les rouages interchangeables d’une machine extrinsèque, qui musèle leur créativité et leurs talents, mais aussi leurs solidarités collectives.

Se limiter à constater le ras-le-bol ambiant est évidemment improductif. Il est encore temps de revenir à des résistances collectives organisées, pour renforcer le contrat social. Plus en amont, chacun à son niveau peut choisir d’œuvrer en faveur d’une « économie citoyenne », en favorisant, par exemple, les métiers et marchés locaux, plus écologiques et respectueux des droits humains.

Découvrez ici le sommaire du numéro 691.

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