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lundi, 12 octobre 2020 09:44

Un vaccin contre l’indifférence

Écrit par

Michel Favre-Trosson, St-Colomban-des-Villards Savoie © Marie-Thérèse BouchardyÀ n’en pas douter, l’irruption de la Covid-19 sera consignée comme un moment marquant de l’Histoire. Non pas tant sur le plan sanitaire, comme énième super épidémie sévissant dans le monde, mais en tant que révélateur des dysfonctionnements et forces de nos systèmes et, peut-être, comme moteur de changements marquants.

La crise ébranle toutes les économies du monde, au diapason d’une logique globalisée et inégalitaire déjà bien rodée. Dans un cocktail novateur, elle remet aussi au premier plan le rôle des États. Malgré les défiances courantes contre les décideurs politiques, les populations dans leur ensemble suivent les injonctions gouvernementales, même quand celles-ci restreignent leurs libertés, voire paraissent incohérentes. Ce retour en force de l’État régalien, chargé d’orchestrer la riposte et de veiller à l’application des mesures, s’accompagne en même temps de celui de l’État-Providence, qui se porte au secours de ses citoyens et entreprises à coups de sommes astronomiques. En Suisse, ce sont 71 milliards de francs qui ont été engagés jusque-là par la Confédération pour amortir le choc.

Mais si la pandémie a remis le pouvoir étatique à l’honneur, elle a aussi rappelé de manière magistrale qu’il ne peut y avoir de bonne gouvernance à long terme sans l’implication volontaire de chacun, et donc sans une bonne compréhension des enjeux. Or les interrogations depuis le début de la crise sont légion, comme le montre ce numéro, allant du prix de la vie et des relations humaines à notre sens de la justice et de la solidarité, en passant par l’idée que nous nous faisons de l’Église et de notre responsabilité à l’égard de la création… De quoi donner le tournis.

Pour ne pas être emportés par ce tourbillon, autant viser le domaine du possible. Privilège de la démocratie directe, nous voterons le 29 novembre 2020 sur l’initiative Entreprises responsables, qui vise à contraindre les multinationales ayant un siège en Suisse à répondre des violations des droits humains et des dommages environnementaux dans lesquels elles sont impliquées à l’étranger. Cette opportunité à mettre plus d’éthique dans le monde des affaires est à saisir, car la première secousse passée et la crise de la Covid-19 s’installant, les habituels replis dans nos zones de confort risquent bien -et c’est déjà un peu le cas- de refaire surface.

Gageons que Tous frères, la nouvelle encyclique du pape François, signée le 3 octobre à Assise en l’honneur de saint François, protecteur de l’écologie et des plus fragiles, agira dans ce contexte comme une heureuse piqûre de rappel à la solidarité.

Découvrez le sommaire de notre édition n°697, d'octobre 2020, et son dossier Covid-19, autopsie d'une crise.

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