Ce qui me gène aussi, c’est qu’on doit les recevoir dans le chœur de l’église, au vu et au su de tous les copains, sans discrétion et sans intimité. J’en viens presque à regretter les confessionnaux qui favorisaient au moins une certaine discrétion. Je sais bien qu’il ne faut pas comparer la pastorale actuelle avec ce qu’on faisait « de notre temps » ! Mais on se donnait alors une journée entière de « retraite ». A midi, repas spaghettis où les « confesseurs » venaient manger avec les enfants, pour faire connaissance, s’apprivoiser ! Dans l’après-midi, on installait chacun des prêtres dans une pièce de la cure et les enfants passaient chez celui de leur choix. On se donnait le temps de discuter sérieusement avec chaque enfant.
Je me pose encore une autre question au sujet du sérieux de ces confessions. On entend tellement parler de problèmes dans les écoles, de drogue, de racket, de harcèlement par portables ou réseaux sociaux. Nos braves élèves catholiques en seraient-ils miraculeusement préservés ? En tout cas, jamais je n’ai entendu dans une confession la moindre allusion à un semblable problème, ni comme auteur ni comme victime ni comme témoin. Si au lieu de nous tendre un bout de papier, ils pouvaient parler librement, sans tabou, peut-être que de telles choses sortiraient aussi.
Enfin, au moment de leur donner l’absolution, je leur dis de demander pardon au Seigneur dans leur cœur. « Est-ce que par hasard tu connaîtrais une prière pour demander pardon ? » Mutisme complet ! Je ne demande pas qu’on leur apprenne un rébarbatif acte de contrition d’autrefois, mais des mots tout simples, des mots d’enfants : « Seigneur, je sais que tu m’aimes très fort. Et moi je ne t’aime pas assez. Pardonne-moi. Je te promets de faire un effort pour t’aimer mieux et de refaire la paix si je l’ai cassée. » C’est pas compliqué, mais c’est essentiel.
Abbé Xavier Lingg
Genève