Ces poèmes, chants et hymnes, tirant leur origine dans la piété des saints de l’Ancien Testament, expriment tous les états d’âme du croyant. Jésus lui-même a prié les paumes. Et l’Eglise chrétienne, dans sa liturgie, a conservé cette façon vénérable de louer le Seigneur. Mais en reprenant dans notre prière des termes d’un autre temps et d’une autre culture, nous courons le risque de ne pas nous y retrouver, de réciter de simples formules hors de notre contexte vital, quitte à aligner des mots qui ne sont plus du tout en harmonie ni avec notre vie, ni avec notre foi.
Par exemple, les dimanches et aux plus grandes fêtes, on chante allègrement: «Toutes les nations m’ont encerclé, au nom du Seigneur je les détruis», ce qui peut être compris comme un provocant appel à la guerre sainte. Les moines chantent ça pieusement et les prêtres récitent cela sans broncher dans leur Bréviaire.
Pour que les textes soit prière
Dans la Bible liturgique, nous disposons d’une très bonne traduction fidèle au texte. Si je veux faire un travail d’exégèse ou de recherche archéologique, j’aurai recours si possible aux textes originaux hébreu, araméen, grec, voire latin... ou à une traduction la plus fidèle possible. Mais en priant, je n’ai pas à me propulser dans le passé, aussi vénérable soit-il. Pour que ces textes soient prière, je dois transposer l’expérience des saints d’autrefois dans le présent, dans la vie du monde d’aujourd’hui, contemplée à la lumière de ma foi. Quand le psaume parle de Dieu, je préfère parler à Dieu, c’est ainsi que je prie, de personne à personne. Mieux encore, comme chrétien, baptisé en Jésus-Christ, j’ai le droit d’appeler Dieu: «Père», ce que le psalmiste n’osait pas. Lui, il «craint» Dieu, le chrétien le respecte et l’aime.
De même les psaumes évoquent souvent les «colères» de Dieu, le chrétien y discerne plutôt sa miséricorde. Par ailleurs, quand le psalmiste prie pour son roi, je porte dans ma prière les responsables politiques actuels. Et quand il évoque les misères et souffrances de son peuple, je ne peux m’empêcher de me sentir en solidarité avec toute la part d’humanité souffrante, opprimée, rejetée ou méprisée dans le monde d’aujourd’hui.
Mon travail ne se veut ni une nouvelle traduction, ni une paraphrase des psaumes. J’accepte le texte, tel qu’il nous est présenté par l’Eglise et j’essaye de le revisiter, en l’épurant de tout ce qui me paraît déphasé, anachronique ou incompatible avec le message de Jésus-Christ et de notre foi chrétienne...»
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