Le chypriote musulman turc Umit Inatci a autorisé, pour la première fois depuis 1974, le métropolite chypriote grec-orthodoxe Vasilios à célébrer la cérémonie du Vendredi saint, le 18 avril 2014, dans l'église Saint-Georges, au centre de Famagusta, dans la partie turque de l'île. Un geste significatif dans les efforts entrepris par les religieux pour rapprocher les deux communautés qui se partagent Chypre. "Ce n'est pas un cadeau [fait aux grecs-orthodoxes] c'est seulement l'acte de rendre quelque chose qui revient de droit à son propriétaire", a indiqué Umit Inatci en ouvrant pour la première fois depuis 60 ans les portes de l'église Saint-Georges au culte chrétien, rapporte l'AP.
Pendant des décennies, il n'y a eu aucun contact entre les dirigeants religieux des communautés grecque et turque. Dans le nord de l'île, envahi par les troupes turques en 1974, environ 500 églises et monastères, pour beaucoup vieux de plusieurs siècles, ont été laissés à l'abandon, pillés ou convertis à des usages profanes. Dans le sud, où la communauté grecque est majoritaire, seulement huit mosquées sur les 110 d'origine sont encore en activité. Les choses évoluent néanmoins depuis 2009, quand le chef de l'Eglise grecque-orthodoxe de l'île, Chrysostome II, et le grand mufti de Chypre, Talip Atalay, se sont lancés dans des activités diplomatiques interreligieuses. Ces démarches ont abouti à un certain nombre d'actions mineures mais d'une grande portée symbolique. En octobre dernier, par exemple, les deux parties ont aboli les interdictions pour les dirigeants religieux de se rendre dans l'autre partie de Chypre. Ce fut ainsi la première fois que Chrysostome II put accepter l'invitation du mufti Atalay de venir manger chez lui, dans le nord.
Ces échanges positifs ont aidé à la mise en place d'un comité conjoint en charge de restaurer les lieux de culte dans toute l'île méditerranéenne. Le rapprochement religieux a aussi incité à un rapprochement politique, aboutissant à un appel à une reprise des pourparlers entre le nord et le sud. Le président chypriote grec Nikos Anastasiades a ainsi salué le "rôle positif que peut jouer la religion dans la résolution des différends politiques et autres". (apic/ap/rz)