«Fous, mais pas cinglés». Les membres de la rédaction de la revue choisir avaient fait le pari un peu fou de tenir en haleine une assemblée réunie pour écouter deux heures durant de la littérature. «Fous, mais pas cinglés» -à l’instar du titre de la chronique signée de l’écrivain Eugène- la plupart des convives étant des amis et fidèles lecteurs de la revue qui, tout comme elle, sont des amoureux de belles-lettres. Si les lectures, introduites par la rédactrice en chef Lucienne Bittar, se répondaient par un heureux hasard, chacune a fait montre de la richesse de la littérature romande. Jérôme Meizoz, Max Lobe, Silvia Ricci Lempen, Gérard Joulié, Germano Zullo, Eugène ou bien encore Marie-Luce Dayer venue lire un texte de Georges Haldas ont ajouté de leur voix singulière un supplément d’âme à leur écrit.
Aux mots lus se sont intercalés les mots chantés lors d'intermèdes musicaux proposés par deux des trois membres du groupe de rock-pop acoustique Mamasaid, Yanir Rohan Aronowicz (guitare) et Marion Letur (chant).
Merci viele male !
Venu de Zurich pour célébrer l’anniversaire de l’une des œuvres phares des jésuites de Suisse, le provincial Christian Rutishauser sj a apprécié à sa juste valeur la beauté des textes lus. Dans son discours, il a insisté sur l’importance d’une présence jésuite forte à Genève. Il a relevé le choix judicieux du lancement en 1959 de la revue. Les jésuites suisses romands ont su détecter très tôt, a-t-il relevé, les changements frémissants au sein de l’Église catholique qui décidait «de ne plus être un rempart contre les temps modernes, mais d’accompagner les fidèles» dans le changement de société. À l’écoute des besoins de leurs contemporains, les Pères de Genève ont ainsi réagi en lançant une revue proposant orientations, discernement, informations et connaissances fondamentales. Des outils dont nous avons encore et toujours besoin «pour vivre de manière responsable et libre, comme catholique, comme citoyen, dans une société multiculturelle».
«Si l’histoire de choisir n’a pas toujours été d’un calme olympien, nous pouvons dire que la revue a été un grand succès», a poursuivit le provincial. «Aujourd’hui encore, choisir n’est pas seulement une revue théologique», a-t-il insisté. «Elle se veut une boussole pour tout ceux qui cherchent à se baser dans leurs réflexions sur des valeurs chrétiennes et sur une spiritualité ignatienne». Il a vivement remercié tous les confrères qui ont travaillé au sein de la revue et leurs collaborateurs et collaboratrices laïques, à commencer par la rédactrice en chef Lucienne Bittar. Il a également rendu un hommage appuyé au Père Albert Longchamp sj, grand homme de médias, qui a enseigné l’éthique des médias à l’Université de Fribourg, a été membre du Conseil des médias de la conférence épiscopale suisse, rédacteur en chef de l’Écho illustré, devenu Écho Magazine, et bien évidemment de choisir.
Faire preuve d'audace
Peu avant le provincial, le directeur de choisir, Pierre Emonet sj, a lui aussi relevé dans son discours la clairvoyance des fondateurs dans leur désir d’«offrir à la Suisse romande une revue culturelle d’inspiration ignatienne qui ne soit pas étroitement confessionnelle ni le simple relais des directives de la hiérarchie catholique, mais œcuménique, qui renvoie ses lecteurs à leur propre responsabilité, à leur liberté, en leur proposant des réflexions, des analyses, susceptibles de les aider à faire des choix. En un mot, une revue au service du discernement.» Et de poursuivre, non sans humour: «L’essentiel n’est pas de se complaire ou de se lamenter à propos de ce qui a été vécu, mais d’envisager l’avenir avec réalisme et de prendre un nouvel élan, sans trop penser à l’âge de la retraite, même si on a 60 ans.»
Il a ainsi fait le vœu que demain comme hier les jésuites sachent s’adapter et faire preuve de souplesse en permettant à des laïcs de garantir, à leur côté, la pérennité d’une œuvre aussi importante pour la formation des adultes que la revue choisir. «L’essentiel est que la Compagnie de Jésus puisse continuer à offrir en Suisse Romande une aide au discernement. Si le papier reste encore un média utile, il est devenu nécessaire et urgent d’explorer d’autres canaux. Ce qui suppose de nouvelles compétences. À choisir on s’y est engagé en multipliant notre présence sur les réseaux sociaux et en alimentant des sites internet professionnellement bien faits et à jour.»
N’oubliez pas le concours!
Juste avant de passer à la partie récréative de la soirée, Pierre Emonet sj et Céline Fossati ont présenté et officiellement lancé le «Concours de nouvelles pour jeunes auteurs» qui s’adresse à tout écrivain de 35 ans ou moins, Suisse ou vivant en Suisse, écrivant en langue française et n’ayant pas été publié plus d’une fois à compte d’éditeur. Ils ont annoncé que le règlement était désormais disponible sur le site de la revue après avoir détaillé les principales modalités de participation. Ils se sont réjouis de pouvoir compter sur un jury de professionnels du monde de l’édition et du livre qui sera ainsi composé de la présidente-fondatrice de la Fondation Jan Michalski, Vera Michalski, du PDG des librairies Payot, Pascal Vandenberghe, de la journaliste et critique littéraire Lisbeth Koutchoumoff, de l’écrivain et professeur de l’Institut littéraire suisse Eugène et du directeur de la revue choisir, Pierre Emonet sj. Un projet enthousiasmant salué tant par les écrivains présents que par le provincial et les invités. Que la fête aux mots commence!