Se "protéger" de l'autre c'est aussi s'enfermer soi-même.... Un quart de siècle après la chute du mur de Berlin, le monde globalisé n'a jamais été autant cloisonné. Le point avec cette vidéographie exclusive réalisée par la rédaction de GEO à partir de la rubrique de datajournalisme du magazine "Le Monde en cartes". Ce mois-ci : Frontières, toujours plus de murs.
Parmi les rares bonnes nouvelles de 2015, l’accord sur le climat, signé le 12 décembre à Paris, fait incontestablement du bien. L’état d’esprit qui a régné lors des négociations aussi. De l’avis des différents observateurs, la majorité des 195 pays participants étaient animés d’une réelle volonté d’engagement contre le réchauffement climatique et ont sincèrement cherché un compromis ambitieux. C’est là un exploit en soi. Mais peut-on parler pour autant de révolution politique, dans le sens d’une nouvelle manière d’appliquer l’art de gouverner ? Oui et non.
Quelque 29 ONG disent « Oui à la démocratie – Non à l’initiative de mise en œuvre »
L’initiative de l’UDC dite “de mise en œuvre” Pour le renvoi effectif des étrangers criminels se pose « en entreprise de démolition contre la Suisse, contre les valeurs de notre démocratie, contre les piliers de l’Etat de droit ». Ce réquisitoire est publié le 22 décembre 2015 par 29 organisations non gouvernementales qui affirment que l’UDC, avec cette initiative, vise en particulier la Convention européenne des droits de l’homme.
Plusieurs ONG chrétiennes, dont le Service jésuite des réfugiés de Suisse (JRS Suisse), font partie des opposants à cette initiative populaire pilotée par les “durs” de l’Union démocratique du centre (UDC).
Au Cambodge en 1993, Sok Eng - une enseignants cambodgienne âgée de 62 ans - a commencé à travailler pour le Service jésuite des réfugiés (JRS) dans différents projets de développement, de santé et d’éducation. «Aujourd’hui encore, je m’engage aux côtés des jésuites du Cambodge pour que mon pays se remette de son passé et que la jeune génération bénécie d’une bonne formation.»
Nombre des collaborateurs de l’époque - qui ont travaillé pour le JRS dans les camps de Thaïlande et sont retournés avec eux au Cambodge - s’y trouvent aujourd’hui encore. Kike Figaredo, venu d’Espagne comme jeune jésuite, est responsable depuis l’an 2000 du diocèse de Battambang en tant que préfet apostolique. Soeur Denise Coghlan, une religieuse australienne, dirige quant à elle le JRS au Cambodge et a mis sur pied à Siem Reap un centre spirituel axé sur la réconciliation, la paix et la rencontre des religions. Jub Phokthavi, bénévole thaïlandais dans les camps, fut en 2009 le premier à être ordonné jésuite au Cambodge et y travaille aujourd’hui comme curé. Après différentes étapes en Afghanistan, au Sri Lanka et au Timor Oriental, Noël Oliver, un Frère jésuite indien, est quant à lui retourné au Cambodge. Tous les quatre comptent parmi les pionniers des projets mis en place par les jésuites au Cambodge.
Lire le supplément ci-dessous :
Les temps sont durs pour la presse catholique européenne! C'est au tour de l'agence MISNA (Missionary International service news agency), basée à Rome, d'annoncer sa fermeture au 31 décembre prochain. Fondée il y a 18 ans, l'agence publie des nouvelles en italien, anglais, français et espagnol, sur les pays du Sud, en particulier d'Afrique et d'Amérique latine.
La rédaction a appris avec stupeur, le 18 décembre, la décision des quatre congrégations missionnaires propriétaires de fermer l'agence à la fin de l'année. Les missionnaires de la Consolata, les Comboniens, les Missions étrangères de Milan (PIME) et les Xavériens avaient lancé cet organe de presse en 1997 avec le désir de "donner une voix aux sans-voix" dans le Sud du monde. MISNA visait à être une source alternative aux grands fournisseurs d'informations.
Dans un message diffusé sur le site de MISNA, la rédaction ainsi que les collaborateurs et les traducteurs, s'étonnent d'une "erreur si grave, commise en un moment particulièrement délicat pour l'information du et avec le Sud du monde." Ils appellent la société à "prendre ses responsabilités à l'égard d'une agence de presse qui s'occupe depuis 18 ans les "périphéries" du monde si chères au pape François. Les journalistes déplorent l'absence de propositions concrètes de l'éditeur et son refus de prendre en considération les différentes options susceptibles d'aider à surmonter la crise de l'entreprise. Pour la rédaction, ce manque de volonté reflète "une crise plus vaste, et encore plus grave, relevant de l'ordre des idéaux et des motivations".
La rédaction dénonce l'évaluation erronée d'un marché en rapide évolution, la lenteur d'intervention sur les secteurs budgétaires et l'absence du dialogue maintes fois sollicité par les journalistes. A cette absence discutable de prévoyance s'est ajoutée une crise qui frappe tout particulièrement le monde de l'édition catholique, en rayant de la carte de petites réalités "non alignées" - revues, quotidiens, radios - engagées dans l'information du monde en donnant la parole à des personnes et à des contextes relégués en marge de l'actualité des grands médias. Les journalistes appellent l'entreprise à entreprendre toutes les initiatives utiles pour sauver "la voix des derniers", qui risque d'être réduite au silence. (cath.ch-apic)
Mgr Joseph Roduit, abbé émérite de Saint-Maurice, est décédé ce jeudi 17 décembre 2015, au soir de son 76e anniversaire. Gravement atteint dans sa santé depuis quelques mois, il avait pu participer à la clôture du Jubilé des 1500 ans de l’Abbaye dont il a été le 94e abbé, de 1999 à 2015.
Il est décédé à la Clinique Saint-Amé, alors que Thomas Rödder, le dernier chanoine à avoir reçu le camail des chanoines de Saint-Maurice était près de lui.
Le 8 décembre dernier, en la fête de l’Immaculée Conception, l’Abbaye lui avait officiellement rendu hommage pour ses 16 ans d’abbatiat, au cours de la messe de 10h00. Dans l’après-midi, il avait reçu le sacrement des malades entouré de toute la communauté abbatiale très émue, et il a été hospitalisé le lendemain.
Une messe de trentième pour Mgr Joseph Roduit sera célébrée en la Basilique de Saint-Maurice, le samedi 16 janvier 2016 à 11h15.
Le Vatican a reconnu, le 15 décembre 2015, les vertus héroïques du Lucernois Nicolas Wolf (1756-1832), père de neuf enfants, agriculteur, médecin et député. Il s'agit de la première étape vers la béatification. Sa réputation s'est répandue au-delà des frontières du canton, grâce aux récits des guérisons qu'il opérait par la prière et l'invocation de Jésus.
Nicolas Wolf (Niklaus Wolf von Rippertschwand) est né le 1er mai 1756 à Unterlindig, sur la commune de Neuenkirch, au nord-ouest du canton de Lucerne. Ayant hérité d'une exploitation agricole florissante, il recourt à des méthodes de production avant-gardistes, notamment dans le domaine de l'arboriculture, indique le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS).
Inhabituellement cultivé pour son temps et son état, il devient rapidement l'un des notables de Neuenkirch. A l'automne 1802, ses convictions en matière de politique ecclésiastique le poussent à soutenir le soulèvement fédéraliste contre la République helvétique, mise en place après la Révolution française. Il lutte notamment contre les restrictions imposées à l'Eglise catholique, en particulier l'interdiction des processions et des pèlerinages. Il se rallie ensuite en 1803 au régime de la Médiation et siège au Grand conseil lucernois.
Une "armée de prière"
Un pèlerinage à Rome, ainsi que d'étroites relations avec le mouvement franciscain, le conduisent à se consacrer avec de plus en plus d'assiduité à sa vocation religieuse. Il acquiert ainsi la conviction que le combat pour la foi ne doit pas se faire politiquement ou par l’épée, mais par la seule prière. La société de prière qu'il fonde lui permet de toucher une couche importante de la population. Il organise des rencontres de prière dans tout le canton et met sur pied une "armée de prière", qui croît d’année en année.
Sa réputation de conseiller et d'accompagnant se répand également au-delà des frontières du canton, grâce aux récits des guérisons qu'il opère par la prière et l'invocation de Jésus. A l’âge de 50 ans, il se consacre entièrement à la prière et à la guérison des malades et devient pour d’innombrables personnes un témoignage de la foi vivante. Homme à la personnalité charismatique, Nicolas Wolf demeure néanmoins imperméable à toute manifestation exaltée ou extatique.
Décédé en 1832, sa dépouille repose depuis 1952 dans la crypte de l'église St-Ulrich, à Neuenkirch.
La reconnaissance de ses vertus héroïques représente une étape importante dans son processus de béatification, qui est en cours depuis 1955. (cath.ch-apic/arch/rz)
L'année 2016 rimera pour le Cedofor avec un important changement pour les habitués de la bibliothèque. Cette dernière sera désormais ouverte trois après-midis par semaine, soit :
le Mardi, de 14h à 18h
le Mercredi, de 14h à 18h
le Jeudi, de 14h à 18h
Un horaire certes réduit, mais qui en même temps prolonge l’ouverture d'une heure en fin d'après-midi les jours indiqués. Les autres services du Cedofor restent inchangés. Il sera toujours possible de d'obtenir des livres en prêt et de les recevoir par poste ou, lorsqu'ils ne sont pas disponibles, de faire des réservations ; de demander des bibliographies par thèmes ou mots-clés ; de demander divers travaux de recherche en documentation ou des photocopies d'articles. Le Cedofor peut également fournir des adresses ou des sites Internet adéquats sur un sujet d'études précis.
A noter : la bibliothèque du Cedofor sera fermée pour les vacances de Noël du mercredi 23 décembre à midi au mardi 5 janvier à 14 heures !!!
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les articles sur "L’environnement, Pari pour l’avenir", et Laudato Si' (in choisir octobre 2015, n° 669). C’est pourquoi je vous fais part de mes réflexions et observations concernant la détérioration de notre environnement : climat, eau, air, sols. Réflexion à partir de mon expérience et de mes activités en Afrique équatoriale de 1960 à 1970, et par la suite dans plusieurs ONG, avec de fréquents voyages en Afrique, à Cuba, au Nicaragua.
Laudatio Si’ est une importante contribution pour une conversion, pour s’engager résolument afin de RALENTIR la marche vers l’implosion de notre condition de vie. L’histoire et l’expérience nous prouvent qu’un cheminement vers la conversion est long, et que pour un changement important, il faut le nombre, une majorité. Une théologie positive ainsi que des projets pour un développement durable ont été diffusés depuis plus de 50 ans par des mouvements d’Action catholique (la JAC, la JOC...), par la théologie de la libération et par une multitude d’ONG de coopération Nord-Sud. Des progrès ont été faits. Mais nous devons constater les résultats : les forces négatives sont encore plus puissantes. Pour la plupart, la joyeuse espérance des années 60 a fait place à un désenchantement.
Le 17 mars 2013, au cours du premier Angélus suivant son élection, Jorge Mario Bergoglio citait le livre du cardinal Kasper, La miséricorde, notion fondamentale de l’Evangile, clé de la vie chrétienne, et déclarait : « Ce livre m’a fait du bien, beaucoup de bien. » Peu nombreux étaient à l’époque ceux qui pouvaient deviner l’importance que ce thème allait avoir pour son pontificat. François a d’ailleurs conservé sa devise épiscopale Miserando atque eligendo. Il l’a expliquée dans son entretien avec Antonio Spadaro sj pour les revues jésuites[1] (qui publient de concert le présent éditorial). Le pape François disait alors : « Le gérondif latin miserando me semble intraduisible tant en italien qu’en espagnol. Il me plaît de le traduire avec un autre gérondif qui n’existe pas : misericordiando (en faisant miséricorde). »
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime. » Toute la tendresse du Ciel pour l’humanité est comme ramassée dans le chant des anges. Un message qui ne cesse de ravir ceux et celles qui aspirent à la paix comme au suprême bonheur. Si le mystère de l’Incarnation et de la naissance de Jésus interpelle de moins en moins l’ensemble de la société, l’annonce de la paix ne laisse personne indifférent. Une fois l’an, elle vient réveiller une aspiration qui sommeille dans le fond insondable des inconscients, plus tenace que les croyances et les enseignements des Eglises.
La montée en puissance du terrorisme islamiste en Europe interroge les gouvernements et les responsables de la communauté musulmane. Un effort de structuration de la formation des imams, déjà évoqué depuis plusieurs années, semble se concrétiser dans certains pays, de façon à mieux encadrer les orientations théologiques et idéologiques des prédicateurs.
En Belgique, le ministre de la Justice, Koen Geens, et le président de l'Exécutif des musulmans en Belgique, Noureddine Smaïli, se sont accordés sur la nécessité d'une meilleure unification de la formation des imams. La formation des prédicateurs islamiques auraient lieu dans des universités ou des écoles supérieures, avec un contenu théologique mais aussi une formation en sciences sociales, avec des programmes définis avec le gouvernement fédéral ou les gouvernements des communautés flamande et wallonne. «Nous devons évoluer en direction d'un islam européen», a déclaré le ministre Koen Geens. Noureddine Smaïli, lui-même imam à Liège, a souligné que «la communauté musulmane a tout à gagner à ce que ses imams bénéficient d'une telle formation en Belgique».
En France, Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, avait reçu mardi les membres du bureau du Conseil français du culte musulman (CFCM). A l’issue de cette rencontre le CFCM, a annoncé la création prochaine d'un certificat qu'il délivrera aux imams, après avoir testé leurs connaissances théologiques mais aussi leur adhésion aux valeurs républicaines. Une initiative qui vise à promouvoir «un islam tolérant et ouvert», selon Anouar Kbibech, le président du CFCM. Le ministre de l'Intérieur a de son côté souligné la «volonté du gouvernement de toute faire pour que les prêcheurs de haines» soient mis «hors d'état de nuire».
En Suisse, un Centre suisse islam et société (CSIS) a été créé à l’Université de Fribourg. Interrogé en octobre dernier à ce sujet par cath-info lors de son passage à Zurich pour l'Aide à l'Eglise en détresse, le Père jésuite égyptien Samir Khalil Samir, spécialiste de l'islam, avait déclaré : « Il faut repenser l’islam dans la société d’ici. Cela demandera quelques décennies, mais on ne peut pas échouer. L’Autriche a proposé récemment que tout imam fasse ses prêches en allemand, et pas en arabe ou en turc. Le responsable religieux musulman devrait avoir suivi des cours, connaître la société dans laquelle il vit ainsi que ses principes, tel l’égalité hommes-femmes. S’il n’accepte pas la démocratie en vigueur dans cette société, il devrait partir ! Il est essentiel pour les musulmans, s’ils veulent vivre dans la société occidentale, qu’ils en respectent son ordre juridique. » Pour le professeur d’islamologie, les musulmans doivent en outre absoluement pratiquer l'interprétation de leurs textes fondateurs s'ils désirent contrer l'instrumentalisation de l'islam par des fondamentalistes.
Retrouvez l'entretien entre Samir Khalil Samir sj et le journaliste Jacques Berset dans la prochaine revue choisir de décembre 2015, accompagné d'une analyse géoopolitique de l'Arabie saoudite par l'historien Olivier Hanne, professeur aux Ecoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan. Un numéro à commander à
(Radio Vatican/rédaction)
La justice bolivienne va enquêter sur le meurtre du Père jésuite Luis Espinal et faire toute la lumière sur les circonstances de son l’assassinat le 21 mars 1980. C’est ce que vient de déclarer Frank Campero, l’avocat de l’ancien colonel Roberto Meleán, ex-officier des Forces Aériennes Boliviennes (FAB). Cette décision fait suite aux révélations, début octobre, de son client - condamné à 30 ans de prison pour la disparition d’un universitaire en 1980 – qui accuse formellement deux colonels comme étant les commanditaires du crime. En septembre, choisir proposait un portrait du Père Espinal, sous la plume de l’un de ses proches Jerry Ryan1.
« Les auteurs intellectuels de cet assassinat sont le colonel Jaime Nino de Guzmán (ex-commandant des FAB) et le colonel Freddy Quiroga Reque », a assuré Roberto Meleán. Justifiant son long silence par la « peur de représailles », il avait expliqué que le crime du prêtre jésuite avait été décidé pour éviter la publication d’informations révélant une corruption généralisée au sein de l’armée. Toujours selon l’ex-colonel, l’assassinat et les tortures dont aurait été victime Luis Espinal auraient été perpétrés par quatre hommes, qui auraient reçu selon lui entre 200 et 700’000 dollars.
Torturé et tué
L’avocat Franck Campero a assuré que son client, Roberto Meleán, allait être sollicité pour témoigner dans le cadre cette affaire. L’ex-colonel a d’ailleurs assuré qu’il était prêt à mettre à la disposition de la justice des documents qui prouvent l’implication des militaires dans le meurtre du Père jésuite, enlevé le 21 mars 1980 à la sortie d’un cinéma et dont le corps criblé de balles et portant des marques de torture a été retrouvé le lendemain.
Né en Espagne le 2 février 1932, Luis Espinal rejoint la Compagnie de Jésus en août 1949 et est ordonné prêtre en juillet 1962 à Barcelone. En 1968, il part en Bolivie comme missionnaire où il a mené une lutte acharnée pour la défense des droits humains. Parallèlement, il réalise plusieurs documentaires de cinéma et occupent des fonctions de journaliste radio. Ses prises de positions contre les dictatures et son appui aux mouvements de mineurs, lui ont valu l’inimitié du gouvernement de l’époque et celle des militaires, accusés de semer la terreur.
Un crucifix en forme de faucille
Lors de sa visite en Bolivie, en août dernier, le pape François avait reçu des mains d’Evo Morales, le président bolivien, la réplique d’un crucifix en forme de faucille et de marteau confectionné par le Père jésuite Luis Espinal. Un cadeau qui a surpris le pape mais que ce dernier a toutefois ramené à Rome, assurant qu’il s’agissait qu’il appartenait à « l’art de la contestation ».
Jean-Claude Gerez, correspondant de l’Apic en Amérique latine
[1] Luis Espinal. Marxiste ou prophète ? par Jerry Ryan, in choisir n°669 - septembre 2015, www.choisir.ch