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mercredi, 15 mars 2017 17:01

The Cambridge Squatter

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Le Festival du film et forum international sur les droits humains (du 10 au 19 mars 2017) fête ses 15 ans d’existence à Genève. Sa programmation, variée et riche, comme à son habitude, met l’accent cette année sur le Moyen-Orient (Syrie, Israël, Palestine, Irak, Turquie, Yémen), l’inégalité entre sexes et le racisme.
Parmi les films de fiction en compétition, Era o Hotel Cambridge, projeté en première suisse, de la cinéaste brésilienne Eliane Caffé. Une comédie bien construite, montée sur un mode de fiction-documentaire, qui a pour décor un immeuble occupé de São Paolo, la ville la plus peuplée du Brésil. Et pour théâtre celui de la confrontation des cultures et de l’intégration de réfugiés dans un pays où les inégalités sociales restent préoccupantes.

Era o hotel Cambridge
d'Eliane Caffé
Brésil/France/Espagne, 2016

À São Paolo, le manque de logement y est criant. Les difficiles conditions de vie des paysans du Nordeste entraînent depuis des décennies un important exode rural vers la métropole et l’extension de bidonvilles (favelas). Pour se loger au cœur de la ville, certains optent pour les occupations temporaires (squats) d’immeubles délabrés, abandonnés par leurs propriétaires.
Aux pauvres brésiliens de São Paolo, se surajoutent des réfugiés du monde entier. Comment sont-ils accueillis par une population elle-même en grande difficulté économique et sociale ? C’est de cette coexistence de misères, mais aussi de fraternités et de rébellions, que traite The Cambridge Squatter (titre anglais). Dans ce gigantesque hôtel abandonné, Brésilien, Palestiniens, Colombien, Congolais se partagent étages et chambres, se découvrent, rient ensemble, se disputent et luttent contre leur évacuation. Les protagonistes sont suivis chacun individuellement mais aussi dans le collectif.
Le sujet est traité avec une gravité légère et avec une grande finesse psychologique. Pas de caricature ici, ni d’idéalisme bien-pensant. De la confrontation des cultures naissent par moments la colère et l’incompréhension, et à d’autres le cocasse, la fête, la joie de la découverte du langage de l’autre. Ou encore, tout simplement, la tendresse. Comme celle qui permet à un jeune réfugié palestinien, qui ne comprend pas un mot de portugais, d’accueillir avec pudeur et gentillesse les sanglots d’une ancienne employée de cirque dans la soixantaine.

Forums, expositions et films documentaires ou de fiction sont proposés au public pendant dix jours denses. De quoi s’indigner, se révolter, se questionner, et peut-être se donner l’envie de rejoindre le clan des activistes. C’est plus que jamais l’objectif des organisateurs du FIFDH. Découvrez ici le programme.

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