Le trompe-l’œil s’est depuis extrait du cadre rigide des édifices et des tableaux, comme l’évoque avec humour le jeune garçon Fuyant la critique du Père Borrell del Caso, peintre, aquarelliste et graveur catalan du XlXe siècle. Les murs de nos cités en sont les nouveaux écrins, mêlant la réalité que voulaient tant représenter les anciens à l’art contemporain.
De l’art à la rue
Le street art -ou art urbain en français- est un mouvement qui prend racine aux États-Unis au milieu du XXe siècle et qui s’est rapidement répandu dans le monde. « Pendant presque un demi-siècle, des teenagers dégourdis ont signifié hardiment leur identité en ‹ marquant › leur territoire sur un mur avec un crayon, de la craie, un marqueur ou une bombe de peinture », relève John Fekner, dans la préface de l’Atlas du Street Art et du Graffiti qui présente 113 artistes de 25 pays, véritable panorama mondial de cette forme d’art contemporain, populaire et urbain. De la marque indélébile plaquée sur les murs, on est passé à une déclinaison éphémère, tels les tags en ruban adhésif de l’Australien Buff Diss, ou à des gestes revendicateurs, telles les images géantes du photographe français JR (auteur de la couverture de l’Atlas) ou les peintures sur le mur de Berlin.
Quand on évoque l’art urbain, certaines images s’imposent, comme les graffitis de l’Américain Keith Haring qui, à ses débuts dans les années 80, dessinait ses célèbres personnages à la craie blanche sur des panneaux publicitaires noirs du métro. Ou, plus contemporaines, celles du graffeur anglais Banksy, un artiste dont on ne connaît pas l’identité, qui a marqué de son empreinte en 2005 la barrière de séparation israélo-palestinienne en Cisjordanie. Du trompe-l’œil à la politique, il n’y a qu’un trait que les jeunes artistes n’hésitent plus à franchir.
Rafael Schacter
Atlas du street art et du graffiti
Nouvelle édition mise à jour, Paris, Flammarion 2017, 400 p.