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mardi, 15 mars 2022 09:55

Religieuses en Amérique latine

LecarosVéronique Lecaros, Ana Lourdes Suárez et Brenda Carranza
Religieuses en Amérique latine
Invisibles mais indispensables

Paris, L’Harmattan 2021, 320 p.

Si elles sont bien plus nombreuses que les hommes au sein de l’Église catholique latino-américaine et que leur apport se soit avéré essentiel -notamment dans les domaines socio-éducatifs et de la santé, mais aussi de l’évangélisation-, les religieuses sont «invisibilisées» au sein même d’une institution restée très patriarcale.

L’histoire de l’engagement de ces «ouvrières silencieuses», voire de la répression qu’elles ont subie et de leur martyre sous les dictatures brutales du XXe siècle, est encore largement sous-documentée. Si l’on commémore des martyrs comme Mgr Oscar Romero, l’archevêque de San Salvador tombé sous les balles de tueurs d’extrême-droite le 24 mars 1980, combien de religieuses missionnaires, catéchistes ou institutrices catholiques rurales ont-elles subi le même sort? Elles n’occupent pourtant que peu de place dans le martyrologe du continent latino-américain.

Véronique Lecaros, chercheuse et professeure à l’Université pontificale catholique du Pérou (PUCP), Ana Lourdes Suárez, professeure et chercheuse à l’Université catholique d’Argentine (UCA/CONICET), et Brenda Carranza, professeure d’anthropologie de la religion à l’Université d’État de Campinas (Brésil), ont voulu «rendre visibles» ces femmes.

Elles ont rédigé cet ouvrage à partir des travaux des premières rencontres latino-américaines sur les Congrégations religieuses féminines, qui se sont tenues à Buenos Aires en octobre 2019, avec la participation d’universitaires et de religieuses. Elles ont mis en pages un recueil d’une vingtaine de textes portant sur l’arrivée des congrégations religieuses féminines en Amérique latine pendant la période coloniale, leur engagement pour l’éducation, la santé et les pauvres lors de la construction des jeunes nations latino-américaines au XIXe siècle, ou encore la résistance héroïque de certaines d’entre elles sous les dictatures militaires.

Les auteures plaident pour une plus grande reconnaissance des femmes dans l’Église. Constatant un déclin notable des vocations féminines depuis les années 60, elles craignent que les réponses insuffisantes de l’institution face aux revendications féministes ne finissent par briser l’engagement des femmes en Église.

(Lire à ce propos l’article de Véronique Lecaros «Une force oubliée», paru dans le dossier de choisir n° 689, octobre 2018, consacré aux femmes dans l’Église. Disponible sur www.choisir.ch)

 

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