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mardi, 15 mars 2022 10:01

Comment l’Église est-elle née?

ButticazSimon Butticaz
Comment l’Église est-elle née?
Genève, Labor et Fides 2021, 288 p.

Partant de la fondation de l’Église et de ses origines, l’auteur nous amène jusqu’en l’an 120 à travers un ouvrage fort bien documenté. Pourquoi a-t-il choisi d’écrire un livre de plus sur le sujet? À cause des statistiques désastreuses sur la chute libre du christianisme et parce qu’il décèle dans l’Église émergente du Ier  siècle de notre ère une ressemblance avec ce qu’il appelle notre «Église finissante».

Ainsi l’auteur, sans aucun anachronisme, fait «le pari que la fréquentation des origines chrétiennes est susceptible de nous éclairer sur les principes et critères théologiques qui ont guidé les croyants en Jésus dans leur construction d’Église» et que, peut-être, cela pourrait alimenter la réflexion pour aujourd’hui. Ce faisant, il travaille en exégète historico-critique et ne se pose pas en médecin de la crise ecclésiale européenne. À nous de travailler après cette lecture à une possible actualisation de son propos…

Ce dont l’auteur nous parle, c’est de textes: le Nouveau Testament tout d’abord, mais aussi quelques autres traditions écrites venant de l’Église ou parlant d’elle. Ses questions sont récurrentes: sous quelles formes? quand? par quels moyens? à partir de quels discours et de quelles pratiques l’Église du Christ est-elle née? Le théologien mêle ainsi histoire et exégèse. Son enquête diachronique cherche à retracer « le processus d’émergence et de construction de l’Église -ou plutôt des Églises- dans les cent premières années du christianisme».

Au fil de l’ouvrage, le lecteur découvre ainsi des ecclésiologies diverses, des modèles et des pratiques ecclésiales multiples qui révèlent ce que l’auteur nomme une «réalité hybride». Dans une recherche de constante et de continuité, il nous fait découvrir les critères qui permettent aux premiers chrétiens de vivre de la mémoire de Jésus en petites communautés et de fonder une confession de foi commune malgré cette diversité. Ces premières communautés cherchent leur équilibre entre le temps de Dieu et le temps humain, entre Dieu et l’humanité. Elles vivent un christianisme pluriel, avec des ecclésiologies plurielles.

La diversité n’est donc pas un problème! Elle est même constitutive du christianisme, que les modèles suivis soient institutionnels ou charismatiques. Il ne s’agit pas d’un morcellement ecclésial, car l’Église tout entière est contenue dans chaque communauté locale, aussi différente soit-elle de la communauté d’à côté. Car c’est ainsi que l’Incarnation prend corps dans l’Église.

Si l’unité de l’Église primitive s’est fondée sur la foi des croyants en la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, si la mise en œuvre de cette foi est l’amour réciproque, si l’acclimatation au monde n’a jamais affadi la transcendance, pouvons-nous y trouver de quoi vivre en chrétien aujourd’hui? La question reste ouverte…

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