Les objectifs de l’ouvrage de Ludovic Nobel sont doubles: déterminer le contenu de la foi de Paul et vérifier si ce contenu est en accord avec la foi que l’Église catholique enseigne aujourd’hui. Pour ce travail de vérification, l’auteur, un prêtre catholique, professeur à l’Université de Fribourg, se plonge dans les lettres qu’il estime, à l’instar de la plupart des théologiens actuels, être des épîtres authentiques de Paul: 1 Thessaloniciens et Philippiens, lettres sereines; 1 et 2 Corinthiens, lettres révélant des tensions; Galates et Romains: grandes synthèses de sa pensée théologique.Pour comprendre le cheminement théologique de Paul, Ludovic Nobel décrit son passage d’une foi juive intransigeante et légaliste à une foi existentielle dans le Christ, liée à son expérience sur le chemin de Damas.
Au fil de l’ouvrage, le lecteur découvre combien cette première pensée chrétienne n’avait pas encore résolu la question de la «double nature du Christ en une seule personne, concept qui ne sera défini qu’en 451 au concile de Chalcédoine. Il découvre aussi que l’ecclésiologie de Paul était fort peu hiérarchique et organisée. Ce sont ses disciples qui aborderont cette question, plus tard, dans des épîtres pseudépigraphiques. Quant aux sacrements, Paul n’en présente que deux: le baptême et l’eucharistie.
Alors? La foi de Paul est-elle catholique? Le théologien réponde par oui ET par non!
En effet, Paul n’a pas posé les bases doctrinales de l’Église catholique telles qu’elles se présentent aujourd’hui: sept sacrements, hiérarchie ecclésiastique, christologie et ecclésiologie du Peuple de Dieu… Par contre, il a pensé les sacrements comme signes de la présence du Christ, l’Église comme Corps et l’éthique chrétienne comme distincte du stoïcisme et de la Loi juive.
Tout en qualifiant une partie de la théologie de l’apôtre de «tâtonnante», l’auteur insiste sur sa théologie orientée vers la vie avec le Christ et l’expérience de la rencontre. De cela il conclut que le credo de Paul est bel et bien catholique dans le sens étymologique de ce mot: c’est-à-dire universel.
En conclusion de cet ouvrage, l’auteur suggère de remettre en valeur la dimension charismatique de de la pensée paulinienne, sans toutefois remettre en cause l’organisation hiérarchique actuelle dont a besoin une institution aussi grande que l’Église catholique romaine. Mais il estime que la remise à l’honneur de cette partie du message de Paul permettrait une meilleure collaboration entre clercs et laïcs.
Intéressant n’est-ce pas?
Ludovic Nobel
Le credo de l’apôtre Paul
La foi de Paul est-elle catholique?
Paris, Mediaspaul 2021, 142 p.