Il commence par dénoncer les fausses pistes qu’il se refuse à suivre: chercher des coupables dans l’Église (le concile Vatican II, les théologiens contestataires, les militants laïcs, les catholiques traditionalistes ou les curés de gauche); se réfugier dans de fausses assurances (c’était mieux avant, c’est mieux ailleurs, ce sera mieux demain, Dieu pourvoira); accuser la post-modernité et refuser de s’y adapter.
Dressant un bilan, il s’attarde sur les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Il estime que c’est ce dernier qui a fait apparaître la nécessité d’un changement en dénonçant l’existence de graves turpitudes et dysfonctionnements, en réaffirmant la doctrine et en questionnant l’Église sur l’avenir de la foi chrétienne. Suit une longue interpellation et une exhortation à une nécessaire conversion, c’est-à-dire à un changement total de mentalité.
Dans un premier temps, il juge indispensable de faire le ménage sur les abus de toutes sortes. Puis, il se penche avec sidération sur l’univers décrit dans Sodoma (de Frédéric Martel). Et ce n’est qu’ensuite qu’il estime possible de commencer réellement à cultiver quelques vertus trop souvent oubliées: une disponibilité au questionnement, une véritable humilité, une grande vigilance, du courage, un désintéressement total dans le service, tout cela dans une confiance absolue en le Dieu de Jésus-Christ. Il résume cela dans le fait que l’Église doit se convertir à la mission.
Le temps actuel est pour lui un kaïros à saisir pour effectuer une réelle transition ainsi qu’un retour à l’annonce de la foi et à la pratique de la charité. Environ deux cents pages développent ces deux axes et exposent les conditions incontournables pour mener à bien cette mission avec un positionnement éthique et moral clair dans le monde.
C’est à partir de là qu’il propose trois pistes qui devraient permettre à l’Église catholique romaine d’exister aujourd’hui: avoir un regard chrétien sur la personne humaine, habiter le monde actuel, se positionner comme partenaire des autres religions.
Dans un dernier chapitre, l’auteur pose la question de l’institution et propose des réaménagements pratiques: retrouver l’esprit de communauté de Vatican II, poser clairement la question des ministres ordonnés et des ministres laïcs hommes et femmes, instaurer le principe de synodalité, questionner le statut des prêtres, le rôle du pape et de la curie romaine.
Cet ouvrage dans lequel Mgr Doré parle de son expérience personnelle est pertinent et émouvant, même si je ne peux m’empêcher de lui trouver une certaine frilosité lorsqu’il fait des propositions concrètes de réforme de l’institution. Et l’on peut penser que sa position d’évêque l’empêche d’aller beaucoup plus loin…
Mgr Joseph Doré
Le salut de l’Église est dans sa propre conversion
Paris, Salvator 2021, coll. Forum, 387 pages