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mardi, 19 juin 2018 09:47

Le ballet photographié

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Bhakti, de Maurice Béjart, Béjart Ballet Lausanne 2012 (c) Philippe PacheIl est des corps et des mouvements. Des corps en mouvement et des mouvements du corps comme autant de courbes le long desquelles la lumière erre alors que le photographe en fige les contours. Philippe Pache est de ces photographes qui captent la fluidité des corps, qu’ils se prélassent ou s’élancent, sur la scène d’un théâtre.

Céline Fossati, Begnins, journaliste choisir

Durant dix ans, Philippe Pache a été le photographe officiel du Béjart Ballet, du vivant du célèbre chorégraphe, et du Prix de Lausanne, l’incontournable concours international pour jeunes danseurs. De ces années, il garde de sublimes images évidemment, mais aussi des émotions intenses et quelques anecdotes.

«Je n’étais pas particulièrement attiré par l’envie de photographier des danseurs avant de connaître Maurice Béjart», reconnaît celui qui porte un regard assez critique sur ceux qui s’enorgueillissent du rendu de leurs photos de scène. «Tout est fait pour sublimer les corps lors d’une représentation.» La lumière, les décors, la chorégraphie sont l’œuvre de professionnels du spectacle dont le photographe se fait le miroir. Son art à lui? Celui de figer le temps, au bon moment, parfois à la seconde près, pour rendre hommage à la beauté du geste. Au saut majestueux, Philippe Pache préfère souvent la douceur d’un mouvement lent, qu’il saisit à l’aube de sa mort. L’esthétique s’y fait l’amante de la sensibilité et décuple l’émotion.

De l’intérêt pour l’humain

«Je suis arrivé aux bord de la scène par les coulisses», dit-il. Est-ce pour cela que dans son travail personnel il a longtemps favorisé le noir et blanc, l’ombre au trop plein de lumière, les nuances de gris dans lesquelles se dévoilent des corps de femmes, des flous plus expressifs que la perfection? Sans doute. Ce qui ressort de ses images, c’est son goût pour les cadrages épurés. «Une main peut s’avérer parfois plus expressive qu’un visage», dit celui qui est sollicité par de nombreux médias pour tirer le portrait de miss, parmi d’autres personnalités.

Grâce et élégance sont les deux mots qui caractérisent sa recherche dans son travail. Avec, au centre, l’humain. Ce petit bout d’âme propre à chacun que le photographe essaie de révéler. S’il photographie des corps dénudés, c’est pour éviter les stigmates d’une époque qu’un vêtement imprime. Dans la danse également, il préfère les mises en scène aux costumes minimalistes, où le corps est à lui seul vecteur d’émotion. Et si on lui reproche parfois de ne photographier que des silhouettes sans disgrâce, il répond que c’est sans doute par peur de mettre son sujet mal à l’aise. «Je ne suis pas à la recherche du corps parfait. La beauté n’est pas une fin en soi. Comme pour le violon, ce qui le rend beau, au-delà de ses formes, c’est sa musique.» Il conclut : « Je fais des photos pour calmer ma souffrance d’être émerveillé.»

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