Matthieu Mégevand
Les lueurs, récit
Lausanne, L’âge d’homme 2016, 190 p.
Matthieu Mégevand raconte la traversée d’un tunnel et ce qui a pu, par moment, briller dans celui-ci. Récit d’une maladie survenue à 21 ans et racontée dix ans après, sous forme d’anamnèse, ce travail de mémoire éclaire ce qui a été brutalement plongé dans le tumulte et l’obscurité. Ce récit touche juste par la manière dont il nomme le surgissement de la maladie, en contraste avec la jeunesse et l’insouciance; et par la volonté, dans l’après-coup, de retrouver scrupuleusement ce qui s’est déroulé.
La foi doit-elle trouver une résonance en politique ou rester de l’ordre de l’intime? Aucun doute, la parole libératrice du Christ peut être un socle solide sur lequel s'appuie l'engagement face aux injustices.
Matthieu Mégevand,
Les lueurs, récit
Lausanne, L’âge d’homme 2016, 190 p.
Après un précédent ouvrage remarqué sur le terrible accident de car de Sierre qui a provoqué la mort de 22 enfants en 20121, Matthieu Mégevand revient dans son nouveau récit sur un écueil de vie d’une toute autre nature, bien plus personnel. Un combat contre un cancer des ganglions dont il a souffert très jeune qu’il détaille tout en finesse dans un ouvrage autour de la maladie certes, mais aussi des notions de destin, de spiritualité et de foi.
En voici la recension par le théologien Sylvain Thévoz.
Le Prix Rambert de la Section vaudoise de la Société d’étudiants de Zofingue est décerné cette année à Philippe Rahmy pour son roman Allegra (Éditions La Table Ronde, 2016). En 2012, choisir consacrait un article à cet écrivain et analysait son œuvre. L’écriture de Rahmy soulève la souffrance, mais elle la traverse aussi. A lire ici.
Biographiquement parlant, Philippe Rahmy est né à Genève en 1965. Il a étudié les lettres à Lausanne où il vit actuellement. Egyptologue, il est philosophe, poète et... atteint de la maladie des os de verre. Voilà pour les repères (succincts, j’en conviens), les marqueurs sociaux. Mais un diagnostic médical, cela fait-il partie d’une biographie ? Maladie des os de verre : Philippe Rahmy ! Bio, c’est vie. Graphie : écriture. Philippe Rahmy déroule une écriture de vie, dans le corps, avec l’esprit, et dans la douleur d’une souffrance qui la raconte et en la racontant, la dépasse. Les mots pèsent lourds dans sa bouche, ils ne sont pas innocents, mais forment corps, masse, presque des organes hors du corps vivant d’une vie propre.
Philippe Rahmy, en plus de collaborations régulières à la revue remue.net, (1) cofondée avec François Bon, a publié deux ouvrages majeurs chez Cheyne éditeur : Mouvement par la fin, sous-titré Un portrait de la douleur (2005), et Demeure le corps, sous-titré Chant d’exécration (2007), dans la collection «grands fonds». Ces deux livres ne pouvaient trouver meilleure collection et collection meilleurs ouvrages pour illustrer l’apnée mais aussi l’appel d’air des abysses où ils se meuvent. Grandes profondeurs, en effet.
L’écriture de Rahmy soulève la souffrance, mais elle la traverse aussi. Il ne s’agit pas ici du témoignage d’une promenade de santé. Pourtant, nul misérabilisme. Il y a une grande force dans cette exploration de l’enfermement. Mouvement par la fin, tout d’abord, commence presque à reculons : «Je me résous à parler puisque cela aussi sera emporté.» Ecriture dans le silence, mais aussi contre celui-ci. Entre l’économie d’un souffle court et des phrases qui se déroulent comme des bandages, on perçoit le pouls de celui qui s’auto-observe. La souffrance ramène, inlassablement, au corps. Mais la scission entre le corps et l’esprit est minée, rendue vaine. On comprend bien alors : le cerveau, c’est un organe et tout dans les mots sont du corps. Rahmy fait éclater les dualismes et les bipartitions. Il écrie du corps.
Christian Bernard est né à Strasbourg en 1950. Concepteur et directeur du Musée d'art moderne et contemporain de Genève (Mamco), il est l'ancien di - recteur de la Villa Arson à Nice et critique d'art. Il poursuit depuis des années une intense activité de poète.