Au commencement, était Rome.
Quand Jésus est venu au monde, personne ne l'attendait. Pourtant, sa naissance avait été annoncée pendant des siècles par les prophètes et le peuple d’Israël et ses dirigeants l’espéraient ardemment, mais, lorsqu’elle survint, on ne prit même pas note de la nouvelle qui ne fut pas enregistrée.
Sur quoi repose alors la création de notre calendrier?
Ci-contre: "La Crucifixion", vers 1597-1600, et "L’Adoration des bergers", vers 1612-1614, Le Greco © Wikimedia Commons
Quand nous cherchons à nous représenter l’enfance de Jésus dans le petit village de Nazareth, nous imaginons une scène paisible: saint Joseph travaille sereinement au milieu des copeaux, la scie et le ciseau auprès de lui, pendant que l’enfant Jésus joue avec de petits chariots de bois fabriqués par son père, Marie chante en faisant la lessive et, aux alentours, les braves paysans cultivent leurs champs. Pourtant la situation était bien différente. L’époque où Jésus vécut fut marquée par des revendications sociales, des révoltes paysannes et des soulèvements politiques, qui se déroulaient parfois très près de Nazareth, rappelle Ariel Álvarez Valdés, bibliste, président de la Fondation pour le dialogue entre science et foi.
Tous les évangiles affirment que Jésus n’est pas mort seul, mais qu’il fut crucifié à côté d’autres hommes. Mais ils ne nous disent pas qui ils étaient. Marc et Matthieu disent que c’étaient des «bandits» (en grec lestés). Luc les appelle des «malfaiteurs» (kakúrgos). Seul Jean parle de «deux autres», sans plus de détails. Quel délit ces hommes ont-ils commis? Quand furent-ils arrêtés? Pourquoi le Nouveau Testament a-t-il tu leurs noms, alors qu’ils avaient partagé la fin tragique de Jésus?
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus, s’adressant à Pierre, lui dit: «Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise» (16,18). C’est là que Jésus aurait placé Pierre à la tête de l’Eglise - et donc créé la papauté. Une interprétation non soutenue par l’exégèse contemporaine qui souligne la foi de l’apôtre. Une autre hypothèse liée à l’histoire de la communauté d’Antioche est présentée ici.
Si on nous demandait quel fut le premier miracle de Jésus, nous n’hésiterions pas à répondre que c’est celui de l’eau changée en vin lors d’un mariage à Cana. L’évangile de Jean le dit d’ailleurs expressément : « Tel fut, à Cana de Galilée, le commencement des signes de Jésus. Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (Jn 2,11). Or les trois autres évangélistes ignorent ce miracle et rapporte chacun un autre « premier » miracle, mettant en scène le Christ guérisseur.
Pourquoi les évangélistes ne s’accordent-ils pas sur le premier miracle de Jésus ? L’eau transformée en vin pour Jean, la guérison d’un démoniaque dans la synagogue de Capharnaüm pour Marc et Luc, celle d’un lépreux chez Matthieu. Parce qu’ils ne prétendaient pas donner à leurs lecteurs un récit historique de l’activité miraculeuse de Jésus, mais plutôt leur transmettre un message religieux, que chacun d’eux adapta de la manière qu’il jugeait la meilleure.