L’appel pour la vie du pape François est d’une toute autre profondeur. C’est à une conversion, dans la droite ligne de Laudato si’, qu’il invite l’Église et les sociétés. Notre vision utilitariste et matérialiste du monde nous conduit dans le mur, insiste-t-il régulièrement. Il est temps d’apprendre des peuples indigènes, dont les cultures en danger, inopportunément considérées comme inférieures aux nôtres, proposent une vision de la nature holistique et recèlent des connaissances pointues sur le biotope des forêts tropicales.
Conciliant le temps du Synode avec celui du Mois missionnaire extraordinaire, François convoque les chrétiens, notamment occidentaux, à faire preuve de moins d’arrogance spirituelle, à oublier les dogmes, pour se mettre à l’écoute des peuples autochtones qui n’ont eu de cesse, depuis la Conquista, de résister à nos modes de vie et de chercher à se faire entendre, notamment auprès des Nations Unies (avec l’aide précieuse de Genève). Il s’agit, enfin, après un temps de discernement commun, de chercher des solutions d’avenir pour tous, porteuses de « bonne vie », sur les plans de la foi et de l’environnement. On est loin ici du prosélytisme qui a entaché l’histoire de la mission.
Le discours a de la peine à passer. C’est s’attaquer à de gros intérêts économiques, et surtout remettre en question notre notion du progrès. C’est, dans l’Église, faire fi des enjeux de pouvoir et du cléricalisme, pour revenir à la mission de disciple proposée par le Christ : construire une Église universelle portée par les communautés locales, avec une préférence pour les pauvres. Les détracteurs du processus proposé par François feraient donc bien de se poser cette question : une Nouvelle peut-elle être Bonne si elle amène ses messagers à nier ce qui constitue en profondeur une personne, sa culture et sa façon de vivre la foi ?
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