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mardi, 24 novembre 2020 12:08

La qualité de l’air influence la pandémie

Webcam à Genève, Carouge, 24.11.2020, 12h15La corrélation entre la concentration élevée en particules fines et la gravité des vagues de grippe est bien connue des épidémiologistes. Une équipe interdisciplinaire suisse a «cherché à savoir si un tel lien existait également avec la virulence de la maladie de la COVID-19», indique Mario Rohrer, chercheur à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UNIGE et directeur de Meteodat. Leurs résultats, publiés dans la revue Earth Systems and Environment, suggèrent que oui.

Les fortes concentrations de particules fines de moins de 2,5 micromètres peuvent moduler, voire amplifier, les vagues de contamination du SARS-CoV-2 et expliquer en partie le profil particulier de la pandémie actuelle.

Les études sur la COVID-19 menées en Italie et en France suggèrent que le SARS-CoV-2 était déjà présent en Europe à la fin de l’année 2019, alors que la forte augmentation de la morbidité et de la mortalité n’a été enregistrée qu’au printemps 2020 à Paris et à Londres. «Ce surprenant décalage dans le temps laisse penser qu’en plus du contact entre les personnes, un autre facteur favoriserait la transmission et surtout la gravité de l’infection», précise Mario Rohrer. Son équipe de recherche a montré que ces augmentations de cas suivent des phases où les niveaux de particules fines dans l’air sont plus élevés, comme lors d’inversions de température de l’air, caractérisées par les situations de brouillard, ou par les intrusions de poussières sahariennes. Deux situations communes à Genève, par exemple.

L’équipe a fait des observations similaires dans le canton du Tessin, où la pollution liée aux particules fines avait très fortement augmenté pendant une période de brume peu profonde sur la plaine de Magadino et le Sotto Ceneri, observée à la fin du mois de février 2020. Peu de temps après, une augmentation explosive des admissions hospitalières dues à la COVID-19 avait été enregistrée au Tessin, liée aussi au déploiement de la grande manifestation du Carnaval.

Facteur aggravant

Les concentrations aiguës de particules fines, particulièrement celles plus petites que 2,5 micromètres, entraînent en effet une inflammation des voies respiratoires, pulmonaires et cardiovasculaires, et épaississent le sang. «En combinaison avec une infection virale, ces inflammations peuvent entraîner une grave progression de la maladie. L’inflammation favorise également l’arrimage du virus à nos cellules», précise le chercheur. De plus, il n’est pas impossible que le coronavirus soit également transporté par les particules fines, ce qui reste encore à démontrer. (com. de presse UNIGE)

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