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mardi, 09 mars 2021 08:20

Les jeunes talents à l'honneur!

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CouvLivreChoisirIl est enfin là! Coédité par choisir et les éditions Slatkine, Le choix - Recueil de nouvelles de jeunes talents sort de presse début mars. Il regroupe les douze textes littéraires retenus par le jury du concours pour écrivain(e)s lancé par choisir lors de la fête de son 60e anniversaire, il y un peu plus d'un an. Il aura fallu attendre que le coronavirus permette d'avancer sur la publication, pour qu'enfin le livre tant attendu voit le jour! Nous sommes heureux de vous le proposer en précommande. Il vous suffit de remplir le formulaire accessible ci-dessous. Et dans l'attente de recevoir votre édition, voici en guise d'amuse-bouche la Préface de Pierre Emonet sj, directeur de choisir et membre du jury.

Collectif, Le choix. Recueil de nouvelles de jeunes talents, Genève/Carouge, Slatkine/Revue choisir 2021, 128 p., frs 25.-

COMMANDE DU RECUEIL

Fondée en novembre 1959 par un groupe de jésuites romands, la revue choisir a fêté son 60e anniversaire. Une longue existence sans interruption, qui fait de choisir la plus ancienne revue culturelle de Suisse romande. Ancienne, mais résolument à l’écoute du présent.

Convaincus que la littérature peut être considérée comme l’expression écrite d’une culture, nous avons lancé, pour célébrer cet anniversaire, un défi à la génération montante. Un concours littéraire a été proposé à des jeunes auteurs de Suisse n’ayant pas plus de 35 ans. Il s’agissait d’écrire une nouvelle sur le thème Le Choix. Une trentaine de jeunes talents ont eu le courage de répondre. Âgés de 11 à 35 ans, ils représentent un large éventail générationnel. Ils étudient encore ou enseignent; ils sont artistes, quelques-uns d’entre eux sont très jeunes, fréquentent encore l’école. Un jury composé de personnalités du monde littéraire de Suisse romande a examiné et discuté leurs œuvres. Douze nouvelles dont la qualité littéraire a réuni tous les suffrages ont été retenues pour l’ouvrage que vous tenez entre vos mains.

Parce qu’elle mobilise la créativité, l’observation, l’assimilation, l’imagination, la sensibilité, la raison critique et le travail technique, l’œuvre littéraire évoque nécessairement le visage d’une culture. Les vingt-huit nouvelles du concours révèlent quelques traits majeurs de l’avenir auquel s’affronte la jeune génération. Il est question de choix. Qui choisit engage un « à venir », consent un pas, petit ou grand, vers un lendemain qui chante ou pleure. Défi inéluctable pour ceux et celles qui se trouvent au seuil d’une vie, le choix de prendre son envol implique le courage de consentir à des ruptures. Naître à soi-même, c’est choisir de se libérer des formatages imposés par les contraintes des carcans familiaux, religieux, moraux, sociaux, culturels.

Les situations évoquées dans ces nouvelles introduisent le lecteur dans un univers plutôt sombre, loin de tout romantisme. À en croire les choix auxquels elle se trouve confrontée, la jeune génération ne trace pas son chemin sous un ciel serein, en entonnant des chants de victoire. L’horizon est à l’orage et les pas à consentir se font sous le signe de la violence. Aucun des récits de nos jeunes auteurs ne suggère une alternative heureuse, un choix entre deux bonheurs. Toutes reflètent un monde ingrat, dur, éprouvé comme une menace. L’avenir incertain se lit au prix de ruptures pour échapper aux multiples emprises vécues comme autant d’impasses : la famille, les relations sentimentales, la routine professionnelle, la mort de la nature, la guerre, l’exil, le racisme, etc. La violence qui emprisonne appelle la violence qui libère. Confrontés à des situations dramatiques, les personnages se révoltent, luttent, rompent et fuient, jusqu’au suicide. Protestation contre une société qui emprisonne, appel à la liberté de devenir soi-même, un cri qui ne saurait retentir dans le vide.

Conscients que le drame de notre temps est le fossé qui existe entre l’Évangile et la culture, les jésuites fondateurs de choisir, plutôt que de relever le défi par une démarche apologétique, ont inscrit leur réflexion dans le cadre plus large de la culture. Pour rejoindre le monde en évolution et instaurer un dialogue qui n’écarterait rien de ce qui est humain, ils ont voulu doter la Suisse romande d'une revue qui ne soit pas enfermée dans les frontières trop étroites d’une confession ou d’une école théologique. Prendre une distance critique par rapport à la masse affolante des informations quotidiennes, découvrir un sens aux événements, trouver des points de repère pour se forger une opinion personnelle et agir en conséquence, telle était leur ambition.

À choisir, nous restons convaincus que la culture est le terreau de la maturité humaine. À condition de ne pas être au service d’une pensée unique, la manière dont un groupe vit, pense, sent, organise un système de valeurs constitue le biotope dans lequel peut prendre racines un message spirituel. Nous suivons la trace des pionniers jésuites qui ont eu l’audace d’ouvrir le chemin prometteur de l’inculturation. Roberto de Nobili est devenu Sannyāsī en Indes, Matteo Ricci a accédé aux plus hautes dignités à la cour des Ming au XVIIe siècle.

L’inculturation commence avec l’écoute attentive et respectueuse de l’autre. Qui veut rejoindre les diverses générations et leurs cultures doit leur donner la parole. Dès le début, choisir a invité des écrivains et des artistes, des théologiens et des philosophes, des professeurs de faculté, des militants et des hommes politiques à s’exprimer en toute liberté. Suisses ou étrangers, ils viennent d’horizons culturels et idéologiques divers. Tous ne professent pas le même credo, mais un même projet les rassemble : l’ambition de proposer des réflexions, des analyses, des informations susceptibles de nourrir un dialogue aussi large et ouvert que possible. Tout ce qui rend compte de la culture contemporaine trouve place dans les pages de notre revue, dont le titre rappelle cette intention fondatrice : aider les lecteurs à discerner et à faire des choix.

On ne dialogue jamais impunément. Le respect mutuel, l’écoute bienveillante, l’estime de l’autre font découvrir les semences insoupçonnées d’une vérité toujours plus vaste, jamais épuisée ni séquestrée. L’horizon s’élargit au-delà des idéologies et des structures instituées. Qui accueille les grandes questions de l’homme pour trouver son propre chemin, libre de tout préjugé, est invité, tôt ou tard, à opérer quelque déplacement.

Si, en soixante ans, les circonstances qui ont donné naissance à choisir ont changé, le projet fondateur n’a rien perdu de sa pertinence. En coéditant avec les Éditions Slatkine les douze nouvelles retenues par le jury, choisir souhaite honorer les talents d’une jeune génération d’écrivains. Elle espère aussi les encourager à mettre leur art au service du dialogue entre les cultures, indispensable prélude à tout choix qui rêve de faire progresser le monde.

Pierre Emonet sj, directeur de choisir

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