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mercredi, 20 novembre 2019 16:43

Photographe antispéciste

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Charmante, mais pas toujours anodine, la photographie animalière séduit en arrêtant au vol libellules, passereaux ou aigles royaux que nos yeux ne font qu’apercevoir. Une pratique pas toujours respectueuse de ses sujets pourtant, qui a poussé Ludovic Sueur à se présenter comme photographe animalier antispéciste.

Les photographes animaliers ne seraient ainsi pas tous de doux humains amoureux de la faune. C’est du moins ce que déplore le photographe animalier français Ludovic Sueur dont la pratique se veut plus éthique. Pas question pour lui d’appâter un prédateur avec une proie morte ou vive, ni de passer des batraciens au froid pour les endormir avant de les placer dans la position souhaitée, encore moins d’utiliser des insectes morts ou des glus pour coller l’animal à la feuille parfaite ou dans une position singulière … «Des pratiques qui sont utilisées notamment dans l’espoir de faire le buzz sur les réseaux sociaux», commente-t-il.

Alors, son titre de photographe animalier antispéciste, Ludovic Sueur y tient. Il se fait un point d’honneur à prendre des clichés in situ et sans artifices, mais pas seulement. Vous ne trouverez pas ses photos dans des banques d’images, par crainte qu’elles ne soient utilisées à des fins publicitaires contraires à ses valeurs.

À chaque photo son histoire

La photographie animalière montre et conte. Chaque photo, au-delà de sa beauté, a une histoire, chaque animal une personnalité. Pas besoin d’aller très loin pour faire de belles rencontres. «Le batracien qui sort sa tête de l’eau (p. 54) habite une petite mare à quelques mètres de mon atelier. Habitué à me voir, il a fini pas accepter une belle proximité». Quant à la mouette ci-contre, elle «profitait de la portance augmentée par son déplacement au raz de l’eau et à l’aspiration due au mouvement du bateau» pour accompagner les pêcheurs sans peine. Au petit matin, cette zygène (p. 54) était encore toute engourdie par les gouttelettes de brume qui avait colonisé son corps. Quant à sœur libellule (p. 55), les ailes repliées vers l’avant, elle profitait des derniers rayons du soleil. À ras le sol, ce faisan d’élevage (p. 55) avait-il conscience de la toxicité des végétaux cultivés dans le champ dans lequel il se prélassait? Enfin, cette mouette (p. 56) qui s’extrait à la verticale de la surface du lac artificiel du Der (en Champagne), en produisant un effort considérable, souligne magistralement la beauté du vivant et la force de vie qui l’anime.

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