Il est rare qu’une révolution historique entraîne avec elle une rupture d’ordre à la fois artistique et culturel. C’est pourtant le cas de la Révolution d’octobre 1917, dont le Kunstmuseum et le Centre Paul Klee de Berne célèbrent de concert le centenaire.
Le Carré noir sur fond blanc (1915) pourrait à lui seul résumer la révolution opérée par son auteur Kasimir Malevitch. Né à Kiev en 1878, le peintre avait traversé toutes les avant-gardes occidentales et en avait retenu le futurisme, le fauvisme et surtout le cubisme découvert en 1912 lors d’un voyage à Paris, où il avait probablement rencontré Pablo Picasso.
Bien avant le fameux slogan des hippies dans les années 60, à partir de la Renaissance en particulier, la vogue des fleurs s’est emparée de l’Occident. Elle a été escortée tout au long de son histoire d’une symbolique empreinte de divin, à laquelle l’art est demeuré attachée, jusqu’à l’époque contemporaine.
La vision panthéiste de la nature, qui s’épanouit en Italie dès le XIVe siècle, doit beaucoup à la poésie de Pétrarque. Le poète originaire d’Arezzo aimait à filer dans ses sonnets la métaphore florale, image à la fois de l’amour et de l’harmonie de l’homme avec le monde. La Renaissance en retient des enseignements qui exerceront une influence décisive sur l’art des jardins. On sacrifie dès lors les enclos botaniques médiévaux de conception utilitaire. Des sculptures et décors de grotesques apparaissent au détour de bosquets et de chutes d’eau reconstituées; ils parsèment les allées de références mythologiques, historiques ou littéraires. Les jardins à l’italienne étaient nés.
La découverte de l’Orient, des Indes, puis du Nouveau Monde duquel on importe quantité de plantes, va nourrir la curiosité et l’exotisme qu’inspirent la nature et ses mystères. L’engouement pour la flore continue de se répandre au XVIIe siècle dans toute l’Europe occidentale, particulièrement dans la peinture, surtout dans les Pays-Bas méridionaux et les Provinces-Unies de Hollande.
Le sujet est connu, et continue pourtant de drainer d’inlassables amateurs d’art. Monet ne partage peut-être qu’avec Picasso ce succès inoxydable. Le peintre du Havre le doit pour beaucoup à sa modernité, dont La Fondation Beyeler, avec son exposition simplement intitulée Monet, fait la démonstration au travers du thème du paysage que l’artiste n’a cessé de réinventer durant les trois dernières décennies de sa carrière.
La Vue de Bordighera 1884, huile sur toile, 66 x 81,8 cm
The Armand Hammer Collection, Hammer Museum, Los Angeles
Jean Dubuffet. Métamorphoses du paysage,
jusqu’au 8 mai 2016, Fondation Beyeler, Riehen
L’art brut de Jean Dubuffet. Aux origines de la Collection,
jusqu’au 28 août 2016, Collection de l’art brut, Lausanne
Qu’est-ce qui diffère tant entre le miroir de Narcisse, l’autoportrait de Van Gogh ou encore le selfie de Kim Kardashian? Les trois renvoient à une image, pour ne pas dire à une obsession, mais à des époques qui n’avaient ni la même sensibilité, ni le même art de la mise en scène.
Geneviève Nevejan est enseignante à l’École du Louvre. Retrouvez ses articles pour choisir sur www.choisir.ch, rubrique expositions.