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mardi, 06 décembre 2011 11:00

Finalité de la création

van Gaver 43409Falk Van Gaver, L'écologie selon Jésus-Christ, L'Homme Nouveau, Paris 2011, 172 p.

Parmi les nombreux ouvrages récemment publiés sur l'écologie et le christianisme, celui-ci est certainement un des plus explicites et des plus radicaux. Très critique quant à la modernité, qu'il appelle « processus de décivilisation », l'auteur estime fatal de séparer le salut de l'Homme de celui de la Nature, de confondre humanisme et anthropocentrisme. Il voit dans la surexploitation des humains et de la nature l'illustration d'un grave manque d'observance de nos devoirs, qui conduit à une « destruction de la nature à échelle industrielle, mais aussi de l'homme ». « La modernité a désacralisé la nature », le monde n'est plus vu « comme don et création mais comme matière et matériau » et « l'homme se ferme à la source vitale ».

Le souhait de transgresser les limites, d'usurper le pouvoir de Dieu conduit au chaos et à la mort ; c'est la parabole de la Tour de Babel. Suite à une autre punition, le Déluge, Dieu, à travers Noé, a permis à l'humanité et à toute la création un nouveau départ. Pour l'auteur, il n'y aura pas de deuxième chance. La crise écologique se développe « telle une immense tumeur rongeant le monde » et « la croissance économique a toujours signifié la croissance de l'inégalité ».

Notre rôle est d'être intendants de la création, c'est-à-dire de « sauvegarder la terre comme un espace de vie pour tous les êtres vivants ». Van Gaver met toutefois en garde contre l'utilitarisme et ses calculs, car la finalité de la création, oeuvre divine et donc sacrée, n'est pas de servir l'homme mais d'être louange de Dieu. Ainsi « une simple éthique de responsabilité ne suffit pas à fonder un comportement respectueux de la création ». Il nous appartient d'apprendre à « respirer à nouveau [son] parfum », à retrouver la capacité de voir les « signatures divines inscrites dans la nature ».

« La nature est (...) l'oeuvre de la Parole. (...) Au coeur de ce qui est, il y a cette parole unique qui maintient l'être. » « La paix avec le Créateur, c'est la paix avec toute la création », a dit Jean Paul II. Et il y a un lien direct entre « la paix avec la création et la paix entre les hommes. L'une et l'autre présupposent la paix avec Dieu. »

Citant Robert Hainard, l'auteur défend que « le progrès est avant tout moral, spirituel (...) bien plus que dans l'accroissement aveugle de notre puissance ». Au nom de la « nécessaire révolution écologique », Falk Van Gaver appelle « les chrétiens (...) [à] immédiatement assumer intégralement la nécessité, l'urgence écologique des temps, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. » Il ne faut pas vivre avec son temps, mais « avec l'Eternel » ; ne faisons pas tout ce qui est en notre pouvoir, mais « que ce qui est bon ». Et au lieu de chercher la spiritualité vivante ailleurs (chamanisme, bouddhisme), il vaut mieux partir de ce que l'on a et redécouvrir les trésors oubliés ou perdus.

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