Catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, juifs, bouddhistes et représentants de la religion des origines, ce chamanisme qui reste l’inspiration des peuples premiers, joignent leurs voix pour aller à l’essentiel. À savoir que nous avons perdu le nord et ne sommes plus capables de trouver un sens à la vie, notre esprit se trouvant colonisé par une fuite en avant vers la possession matérielle. Alors l’âme s’assèche et le corps ne perçoit plus le monde. Nous sommes devenus des hors-sol, qui nous chassons nous-mêmes du Paradis que fut notre Terre, laquelle subit désormais l’Anthropocène, soit la somme de nos agressions irréfléchies. Or chaque fois que nous faisons du mal à la Terre, c’est à nous que nous le faisons.
La rédemption, soit le dépassement de la «démesure anthropocentrique» (Egger), ne viendra pas de rappels à la loi ou à la morale, mais du sentiment profond d’unité, du fait de ressentir dans notre chair l’interdépendance de chaque composante de l’Univers. Apprendre à vivre cette «relation d’interdépendance» (Egger), c’est retrouver «le simple bonheur d’être en vie» (Raurich). Dès lors «les démarches de lutte pour la planète doivent être incarnées dans des démarches intérieures» (Raurich). Pour le Grand Rabbin Guedj, «la spiritualité peut pallier la déficience du discours écologique classique. On comprend que la beauté du monde est le reflet de la présence de Dieu; attenter à cette beauté, dont je suis responsable, c’est attenter au divin, c’est chasser Dieu de la planète.»
Reste une question, obsédante: puisque Dieu a créé toute chose, comment expliquer la formidable ambivalence humaine dont il nous a dotés? Là où Pierre Rabhi invoque la «puissance de la modération», fidèle aux interpellations lucides du protestantisme, la pasteure Marie Cénec ramène au «mystère du mal», à cet homme qui, «meurtri par le mal en lui (…), est néanmoins capable de sagesse, justice et bonté».