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mardi, 20 novembre 2012 14:33

Education théologique

sans couverture 1Matthias Preiswerk, Contrato intercultural. Crisis y refundación de la educación teológica, La Paz/Quito/San José de Costa Rica/Madrid, Plural/Clai/Visión Mundial/Universidad 2011, 464 p.

Matthias Preiswerk est un théologien suis­se, qui s’est consacré pendant plus de trente ans à l’éducation théologique en Bolivie : de l’éducation religieuse scolaire à la formation de pasteurs, en passant par l’éducation populaire. Sa réflexion théorique s’est réalisée con­jointement à la construction de diverses instances éducatives : il a mis sur pied dans les années 70, un programme de formation chrétienne non confes­sion­­­­­nelle pour les collèges mé­thodistes ; puis il a créé, avec d’autres théologiens catholiques et protestants, un centre de théologie populaire ; il a participé à la fondation de l’Institut supé­rieur œcu­mé­nique andin de théologie (ISEAT) en Bolivie. Actuellement, il est à la tête d’un bureau de consultations pédagogiques et théologiques pour différentes facultés et séminaires de théologie (évangéliques, pentecôtistes et catholiques) en Amérique latine.

Cet ouvrage est une sorte d’autobiographie théologique et pédagogique qui se nourrit à deux sources : l’une, pratique, issue de l’observation et de la systématisation d’expériences éducatives et théologiques, dont l’ISEAT ; l’autre, théorique, basée sur le paradigme interculturel, inspiré de la phi­losophie développée par R. Fornet-Betan­court. C’est un essai sur la situation de crise de l’éducation théo­logique en Amérique latine, au niveau de ses ac­teurs, de ses institutions et de ses mé­thodes (qui n’est pas sans ressemblance avec un certain épuisement de la théologie de la libération), et sur son avenir.

Dans les Eglises historiques, l’éducation théologique a été réduite à une formation élitiste (réservée aux universitaires) ou ecclésiastique (limi­tée aux futurs pasteurs et clercs). Et dans les Eglises émergentes, elle est souvent confinée à des techniques oratoires ou de marketing en vue de la croissance numérique de la communauté.

Et l’auteur de noter ce paradoxe : plus l’éducation théologique est rigoureuse, plus grande est la crise de l’Eglise (Eglises catholique ou protestantes historiques) ; inversement, moins elle est pointue, plus forte est la croissance numérique de l’Eglise (Eglises pentecôtistes et néo-pentecôtistes). C’est que l’éducation théologique s’exprime en Amérique latine dans des formes mono­culturelles et généralement coloniales, qui s’articulent difficilement avec les préoccupations des croyants de ces sociétés fortement multiculturelles et n’intéressent guère les mouvements sociaux.

Pour l’auteur, l’éducation théologique doit prendre en compte les attentes et les demandes de formation de tous les acteurs concernés : Eglises, institutions éducatives, organisations sociales, etc. Il propose deux feuilles de route qui prennent en compte les principaux résul­tats et méthodes de la théologie de la libération et de l’éducation populaire, en les soumettant radicalement à la question de la diversité culturelle.

 

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