À partir de 1821, la jeune femme vit à Philadelphie, le centre de la lutte anti-esclavagiste. Elle y est rejointe par sa sœur Angelina. Mues par les mêmes convictions, les deux sœurs s’engagent de concert pour l’égalité des droits entre tous et toutes et pour l’abolition immédiate de l’esclavage. Elles font des tournées de conférences et polémiquent avec leurs adversaires. Angelina, la première femme américaine à dénoncer publiquement l’esclavage, devient l’idole des abolitionnistes et la bête noire des esclavagistes. Sarah, meilleure écrivaine qu’oratrice, consacre beaucoup de temps à se documenter sur l’histoire de la condition des femmes à travers les siècles et les continents.
Entre 1837 et 1838, la militante rédige ses quinze Lettres sur l’égalité des sexes, accessibles maintenant en français grâce à Michel Grandjean, professeur d’histoire du christianisme à l’Université de Genève, qui les a traduites en respectant le langage épicène de l’auteure, et les a annotées et commentées. Michel Grandjean introduit son édition avec une biographie des sœurs Grimké et un aperçu du contexte historique et des enjeux de leur militance.
Le travail théologique de Sarah Grimké maintient vivant l’essence d’une religion révélée dans des condition historiques et sociales très éloignées. Son combat abolitionniste et son féminisme appuyés sur la Bible sont rejoints aujourd’hui par l’engagement social de militantes féministes ou tiers-mondistes chrétiennes, ainsi que par la lutte des féministes musulmanes pour lesquelles le Coran légitime le combat contre le patriarcat.