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jeudi, 01 décembre 2016 11:04

Les feux de l'action

Depuis la disparition du Journal de Genève, pour lequel il a travaillé durant quinze ans, Thierry Mertenat est journaliste à la Tribune de Genève. Il y assume les reportages culturels ainsi que les « faits divers », la plupart du temps à partir des clichés du photographe de garde. N’étant pas sportif, souffrant de claustrophobie et de vertige, il exerce son métier de façon plutôt sédentaire. Il ne se sentait donc aucunement prédestiné à devenir pompier, avertit-il.
Mais lors d’une représentation du Monsieur Bonhomme et les Incendiaires, en 1995, il revit l’incendie de l’immeuble dans lequel habitait sa famille....

Thierry Mertenat
MertenatLes feux de l’action : En immersion chez les pompiers
Genève, Labor et Fides/Favre 2016, 258 p.

Le garçon de six ans, resté indemne mais ayant perdu tous ses jouets, avait trouvé du réconfort auprès de son grand-père capitaine du corps des sapeurs-pompiers de Porrentruy. C’est ainsi qu’à 35 ans, Thierry Mertenat s’annonça au cours de sapeur-pompier, dont les stages lui permirent de se sentir « acteur » et non plus simple spectateur de l’événement.
Ses reportages gagnèrent en profondeur et celui sur les accidents de scooter lui valut le prix de la SUVA. Il décida alors de s’immerger dans l’univers des pompiers durant quinze mois, glissa bloc-notes et stylo dans la poche de sa veste ignifuge, et suivit au quotidien les activités d’une caserne genevoise.
De l’aventure est sorti ce livre riche en exemples éloquents et hilarants. Nous prenons conscience de la diversité des intervention auxquelles sont appelés les pompiers : désincarcérations, sauvetages de personnes et d’animaux, interventions suite à des pannes d’ascenseur, constats de pollution et propositions pour l’endiguer. En somme, les pompiers sont beaucoup plus que des extincteurs de feu, et Thierry Mertenat leur voue une grande admiration. Il décrit avec beaucoup d’empathie le désarroi des sinistrés, mais se garde de montrer du doigt le responsables de l’accident, que ce soit un particulier négligeant ou un service public quelque peu laxiste.
Après ce récit savoureux, une postface fort pertinente de Nicolas Schumacher, commandant du Service d’incendie et de secours de la Ville de Genève, expose les défis que doivent relever ses collègues dans une société vieillissante qui oublie trop souvent le facteur humain.

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