Sans ces femmes, écrit l’auteure, il n’y aurait pas de psychanalyse. Est-ce exagéré? Il est certain que les femmes perspicaces, observatrices et ouvertes qui ont consulté les premiers analystes ont grandement contribué à l’évolution de la discipline naissante et à l’affinement des vues initiales quelque peu schématiques et marquées de masculino-centrisme. Devenues par la suite analystes à leur tour, elles ont enrichi la théorie et la pratique. Elles ont même introduit de nouvelles thématiques: alors que les pères de la psychanalyse traitaient de l’homosexualité comme si elle ne concernait que les hommes, elles ont fait valoir qu’elle existe bel et bien aussi chez les femmes.
Nous avons lu avec intérêt les pages sur l’enfance de Freud et passé par la suite sur Le bidet, instrument de la première révolution sexuelle. En une dizaine de pages, l’auteure y dresse l’historique en France de l’évolution des mœurs et des idées sur la sexualité à partir de 1810, consécutive à la promulgation du Code pénal et du Code civil qui dissocie les pratiques sexuelles de la religion.
Le cheminement de la pensée de Sarah Chiche rend la lecture de l’ouvrage parfois difficile. Des digressions, retours en arrière et intercalations déroutent le lecteur, qui peine à comprendre à qui est imputable une action, de qui émane une affirmation ou qui s’est suicidé. Les associations d’idées de l’auteure ne sont pas non plus toujours aisées à suivre. À qui s’adresse-t-elle? Aurait-elle un message à transmettre? Elle nous éclaire moins sur ces questions qu’au sujet des ébats, exploits et abus sexuels imputables à des psychanalystes éminents et défunts pour la plupart…