Si elle s'est toujours tenue d'elle-même à l'écart des courants littéraires, Catherine Colomb devient ainsi, sans bien même s'en rendre compte, la représentante d'une avant-garde, c’est-à-dire en avance sur son temps. Reconnue par le poète Gustave Roud, et par Jean Pauhlan en France, elle demeure toutefois «une rebelle à l'écart», comme l'écrit si justement Sylviane Dupuis dans l'introduction de cet ouvrage. Celui-ci propose des approches comparées et d'intertextualité fort intéressantes.
Il est intéressant de reproduire ici un souvenir de l'éditeur et journaliste Bertil Galland. Celui-ci restitue en effet l'image de cette Avant-garde inaperçue qu'était Catherine Colomb: «L'Association vaudoise des écrivains s'avisa de présenter dans un hôtel de Lausanne la production de ses membres. Le signataire de guides de tourisme pédestre, plus entouré que le poète du Petit traité de la marche en plaine, voisinait avec d'honorables plumitifs publiant leurs œuvres à compter d'auteur. Des volumes jaunis par l'indifférence s'accotaient à des monographies régionales. Soudain, je vis une image inoubliable. Une femme distinguée aux joues creuses, solitaire, presque tragique, était assise à une table rectangulaire, à l'écart, derrière deux piles de ses livres qui n'intéressaient personne. Sous une toque, ses yeux vifs révélaient une intelligence à l'affût et une perplexité: Catherine Colomb! ‹Que fais-je ici?› semblait-elle penser la romancière. Peut-être songeait-elle à ses amis de Londres ou à Viginia Wolf.» (Cahiers Gustave Roud, no 14-2011, p.158).