Tout à son amour de Rome, au-delà de la grossièreté, du machisme et de la violence des hommes qui y sévissent, Cesare s’initie au désir et à son assouvissement, mais aussi à la réalité de la brutalité politique. Le fascisme est une «religion», lui explique Gaetano, qui cherche à s’inscrire dans une histoire glorieuse, réécrite à l’aune d’un nouvel ordre moral bâti sur «une pulsion de mort exprimée comme identité». Si les bâtiments fascistes, les églises et les reliques de l’Antiquité continuent à se partager l’espace dans les rues, il est ainsi plus difficile pour les Romains d’échapper à la toile de fer tissée par le régime, malgré tout le soin dont font preuve certains pour ce faire.
Prétexte à réflexion sur les totalitarismes, qu’ils soient d’ordre religieux ou politique, Rome est une femme balance entre des dialogues plausibles et savoureux, et des envolées mystiques un brin tirées par les cheveux. L’auteur est Suisse mais connaît fort bien Rome. Son roman transpire l’Italie, serait-on tenté de dire, tant dans l’approche des lieux, que dans celle de la psyché des personnages.
Michel Chevallier présentera son roman à Genève, samedi 23 octobre, à 17h, à la librairie Les Recyclables (53 rue de Carouge).
Michel Chevallier
Rome est une femme
Paris, L’Harmattan 2020, 240 p.