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lundi, 04 avril 2022 13:30

«Galel», le premier roman de Fanny Desarzens

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Fanny Desarzens1Premier roman remarqué et remarquable pour la jeune auteure romande Fanny Desarzens. Galel est sans aucun doute de la veine des récits des écrivains suisses qu’elle affectionne, C.F. Ramuz et Corinna Bille en tête. Une écriture singulière, lente, minérale, poétique, au vocabulaire sans fard et senti avec justesse. Un style brut qui colle à celui de ces montagnards qu’elle décrit si finement.

Son roman raconte les rencontres entre trois hommes –Paul, Jonas et Galel– auquel se joint parfois Joseph, le berger. Paul et Joseph étaient guides dans une autre vie. Jonas et Galel le sont encore. Tout ce petit monde se croise une fois l’an à la Baïta, le refuge tenu par Paul. Au-delà de la Baïta, «il y a ces vastes plateaux qui ressemblent à des vagues qui se seraient figées dans leur immense mouvement. Sur ces vagues, il y a des petites colonnes qui se déplacent et ce sont les marcheurs qui arpentent les deux vals.» Entre les descriptions lentes, ciselées, l’histoire s’enracine. Et la figure de Galel émerge. Il est le lien, le ciment le premier de cordée.

Marcher. C’est la vie de ces guides de montagne qui, à la mauvaise saison, redescendent en plaine, changeant de peau en attendant la saison prochaine. Des vrais montagnards. «Pas seulement parce qu’ils habitent dans ces régions escarpées. Puisqu’ils sont nés là. Puisque c’est d’être parmi les montagnes qui leur est naturel. On appelle montagnard celui qui aime être là simplement parce que c’est chez lui et que pour rien au monde il irait ailleurs.»

Ils sont guides. Rugueux à l’extérieur, bienveillants de l’intérieur. Un guide, c’est taiseux. Mais face à l’amitié, aucun silence ne résiste. «Ce sont des gens qui aiment bien être seuls, alors quand ils choisissent d’être avec quelqu’un, c’est qu’ils l’aiment vraiment bien.» Entre eux, même l’absence de mots est sonore. Les sourires cristallins. Dans leur univers, la montagne n’en finit pas de raconter la vie, le temps, la mort, sans mots dire.

Quelques femmes peuplent cet univers rustique et intimidant, référentes à peine esquissées mais dont on perçoit toute l’importance et la force. À commencer par la grand-mère de Galel qui, en l’amenant enfant à la cabane d’Orsinal, en a fait un vrai montagnard. Son grand-père, guide, était mort dans une avalanche. Son père, guide, avait déroché alors qu’il était premier de cordée. Galel, le fils, est guide lui aussi.

FannyDesarzens galel couv
Fanny Desarzens

Galel
Genève, Slatkine 2022, 136 p.

À propos de l’auteure
Née en 1993, Fanny Desarzens est un être lumineux dans la constellation des jeunes créateurs·trices suisses. Diplômée en arts visuels de la HEAD-Genève, elle manie l’écriture scénographique comme littéraire avec aisance, remportant en 2020 le prix du concours d’écriture pour jeunes talents de la revue choisir offert par la Fondation Jan Michalski pour sa nouvelle Lignine. Galel est son premier roman.

 

Bon à savoir
Le recueil de nouvelles de jeunes talents Le choix, édité par choisir et les éditions Slatkine regroupant les 12 nouvelles sélectionnées par le jury du concours, est toujours disponible en librairie, auprès des éditions Slatkine et de la rédaction de choisir.

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