Dans son recueil Pensées pour une saison – Été, Gabriel Bittar se fait l'observateur du monde qui l'entoure, de cette mondialisation qui caractérise l'élan de la société post-moderne, des effets qui lui sont directement ou indirectement imputables. Tout en prenant le recul nécessaire pour digérer l'actualité immédiate –qui nous fait aujourd'hui bien souvent défaut–, il nous livre ici ses réflexions, un brin vives parfois, mais toujours empreintes de sensibilité et de philosophie.
Au fil de ces développements, celui que son parcours de vie élève au rang de citoyen du monde relève en premier lieu un appauvrissement de la langue, et plus largement de l'aptitude cognitive générale; phénomène qu'il met en relation avec un état de paresse fort confortable, propre à l'homme, et dont résulte une absence criante d’empathie, une indifférence à la souffrance de l'autre. Aussi nous met-il en garde contre les idées fausses, les raccourcis et simplifications trop hâtifs, qui travestissent l'évidence des faits.
L'être humain, prisonnier d'un anthropocentrisme qui tend à son paroxysme, ne semble guère se préoccuper que de lui-même, ne parvenant à se contenter du monde. Gabriel Bittar nous montre ainsi que celui-ci, confronté pourtant à une réalité complexe, opte couramment pour la facilité dans les choix qui sont les siens, ce que l'auteur illustre d'ailleurs magnifiquement par des exemples de la vie quotidienne.
Louable soit donc cette généreuse tentative de nous ouvrir les yeux, de nous rappeler que la beauté existe, malgré la laideur et le bruit qui nous oppressent, et qu'y demeurer aveugle et sourd, en se lamentant sur son déclin, ne constitue dans le fond qu'une forme de dérobade au devoir d’introspection qui nous incombe.
Gabriel Bittar, Pensées pour une saison - Été, Vevey, de l’Aire 2021