© Pierre EmonetLe pape François célèbre ce 13 mars 2019 l'anniversaire de son élection sur le trône de Pierre. Il clôture ainsi sa sixième année de son pontificat, qui restera sûrement comme l’annus horribilis du 266e chef de l’Église catholique, pris dans la tourmente des abus sexuels. Ceux-ci ont culminé en août dernier avec la publication de la virulente lettre de témoignage de Mgr Carlo Maria Viganò, ancien nonce aux États-Unis. Il venait directement accuser le pape et de nombreux cardinaux d’avoir fermé les yeux sur les abus commis par l’ancien cardinal McCarrick. Une accusation grave, publiée seulement quelques jours après la ‘lettre au peuple de Dieu’ du pape François pour inviter à une action “globale et communautaire” pour lutter contre les abus sexuels.
Un bilan des agence I-médias et cath.ch.
Le titre de cet ouvrage décrit parfaitement son contenu. Il en est de même avec ceux de ses deux parties. La première traite, sur 140 pages, de la mise en place de trois inventions, toutes trois chrétiennes à l'origine, en autant de mythes fondateurs: ceux d'Eretz Israel en tant que terre sans peuple, du sionisme (dans sa forme calviniste et évangélique) et d'une nation juive. La deuxième partie, Le sionisme comme projet colonial, décrit méticuleusement, sur près de 300 pages, le contenu religieux et le développement colonial d'une des idéologies qui aura le plus marqué l'histoire récente.
Jacques Pous
L'invention chrétienne du sionisme
De Calvin à Balfour
Paris, L'Harmattan 2018, 512 p.
Paderewski © Studio Hartsook, San Francisco, coll. Musée Paderewski, MorgesLe pianiste Jan Ignacy Paderewski (1860-1941) s’était installé en 1897 sur les rives du Léman, à Morges. Après la Première Guerre mondiale, la Pologne lui demande de constituer un gouvernement d’union nationale auprès de Józef Piłsudski, alors chef d’État. Moins d’un an plus tard, Paderewski démissionne. C’est qu’outre leurs origines et leur patriotisme les deux hommes ne partagent pas du tout la même vision politique.
À l’occasion d’une exposition au Château de Morges, conçue autour de cette année polonaise 1919 et mettant à l’honneur Paderewski, André Liebich, professeur honoraire d’histoire et politique internationales à l’IHEID, rappelle les visées de Jan Ignacy Paderewski et Józef Piłsudski, ces deux pères fondateurs de la Pologne ressuscitée en 1918, également vénérés dans la Pologne actuelle, mais que tout opposait.
Diagramme montrant l'échelle des temps géologiques © wikimedia commonsL’Homme est né de la mer mais il en a perdu la mémoire… Lorsque nous remontons le fil de la vie, nous nous arrêtons le plus souvent au singe comme si seule notre mémoire terrienne subsistait. Notre origine est pourtant beaucoup plus ancienne et essentiellement merrienne: nous avons passé plus de temps dans l’eau que sur terre. Et notre Planète elle-même a longtemps été bleue, toute bleue: il y a quatre milliards d’années, elle était totalement recouverte d’eau. Puis le jeu de la tectonique des plaques a fait émerger les continents, la terre. Aux alentours de trois milliards d’années, la vie est apparue. Elle naquit dans les océans sous forme d’organismes unicellulaires qui évoluent, profitent des marées pour s’adapter à la terre ferme, avant, autour de 400 millions d’années, d’essaimer, de croître, de se complexifier jusqu'à donner le singe... puis l'Homme.
«L’homme est né de la mer, mais il en a perdu la mémoire… Nous avons passé plus de temps dans l’eau que sur la terre.» L’auteur, directeur de recherches du Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM), revisite notre conception de l’histoire, pour «réunir nos deux hémisphères, terrien et merrien». C’est à une grande aventure qu’il nous entraîne, aussi bien géographique qu’historique, une aventure passionnante à travers des textes, des cartes et de magnifiques photos.
Cyrille P. Coutansais
Les hommes et la mer
Paris, CNRS Éditions 2017, 274 p.
C’est avec émotion que choisir vous invite à découvrir le film de Giulia Bertoluzzi, Strange Fish, qui est présenté pour la première fois en Suisse, dans la section Grand reportage du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH).
Il s’agit là d’une reconnaissance publique de l'action humaine entreprise par certains pêcheurs tunisiens de Zarzis, mais aussi du travail personnel, sensible et courageux, réalisé par la jeune journaliste italienne. Depuis 2013, Giulia Bertoluzzi écrit des reportages pour notre revue. Ses enquêtes sur le terrain comportent systématiquement un volet droits humains. Elle a en effet cofondée en Égypte l’agence Zeernews, devenue entre-deux Nawart Press, un collectif de journalistes indépendants qui travaille aussi pour des ONG, leur fournissant services, assistance, couverture médiatique et visibilité.
Le Brasier © Samuel RubioLe Poche clôture sa saison Ensemble avec le Brasier, une farce tragique décapante, où le jeu des acteurs tient lieu d’essentiel. Fidèle à la vocation originelle du théâtre de ne présenter que des auteurs actuels (le premier fut Sartre, contemporain en son temps), Mathieu Bertholet, son directeur depuis quatre ans, a opté pour ce texte de David Paquet, écrit en 2018.
L'auteur québécois, maintes fois primé, fait la part belle dans Le Brasier aux références de la tragédie grecque. Il est donc immanquablement question... de l’inéducable destin. Celui, en l’occurrence, des triplées Claudine, Claudette et Claudie, de leur progéniture et de leur mère, qui tentent tous, en vain, de briser le cercle familial vicieux, empreint de folie. Et pour cause… On n’échappe pas à son sang, semble nous dire David Paquet.
À l’occasion du jubilé du 50e anniversaire de la Campagne œcuménique, les organisations d’entraide Pain pour le prochain, Action de Carême et Être Partenaires dédient l’événement 2019 aux femmes «dont le travail reste souvent dans l’ombre». Cette anniversaire vallait bien un livret qui leur rendent hommage. Ce dernier contient 50 portraits de femmes qui relatent brièvement leur histoire, leurs parcours extraordinaires, qu’elles soient jeunes ou âgées, célèbres ou anonymes, agricultrices, ouvrières ou avocates, qu’elles vivent en Suisse ou dans les pays du Sud. Ces femmes courageuses défendent leurs droits et leurs moyens de subsistance, et luttent pour une économie qui respecte les droits humains et préserve l’environnement.
La vie, mieux, la vie en plénitude, mieux encore, la vie au sein du Royaume, voilà le thème-clé des textes du célèbre théologien orthodoxe russe Alexandre Schmemann qui composent cet ouvrage passionnant. Toute la réflexion est fondée sur cette conviction: la grande affaire du christianisme est la venue du Royaume de Dieu, qui confère à chaque instant une saveur d’éternité.
Alexandre Schmemann
D’eau et d’esprit
suivi de Réflexions sur la mort
Genève, Syrtes 2018, 344 p.
Le 4 avril 1968, Martin Luther King est assassiné à Memphis. Cinquante-et-un ans plus tard, il est encore un des Noirs les plus connus au monde. Car quelques mois après avoir prononcé son discours si célèbre «I have a dream», le 23 août 1963, il a reçu le Prix Nobel de la paix. On peut se demander, avec Serge Molla, s’il est encore un prophète pour notre temps?
Serge Molla
Martin Luther King, prophète
Genève, Labor et Fides 2018, 324 p.