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jeudi, 28 février 2019 08:23

Les hommes et la mer

Coutansais«L’homme est né de la mer, mais il en a perdu la mémoire… Nous avons passé plus de temps dans l’eau que sur la terre.» L’auteur, directeur de recherches du Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM), revisite notre conception de l’histoire, pour «réunir nos deux hémisphères, terrien et merrien». C’est à une grande aventure qu’il nous entraîne, aussi bien géographique qu’historique, une aventure passionnante à travers des textes, des cartes et de magnifiques photos.

Cyrille P. Coutansais
Les hommes et la mer
Paris, CNRS Éditions 2017, 274 p.

Au-delà des explorations des fonds marins, dès le début de notre histoire, l’appel de la mer a provoqué des migrations pour peupler les innombrables îles des différents océans ; celles des Polynésiens, des Vikings, des Amérindiens. Bien avant l’utilisation d’instruments de repères, ces navigateurs déployaient un savoir-faire unique dans la lecture des étoiles, des vents, des courants, de la couleur de l’eau ou du vol des oiseaux. «Les hommes de la mer détiennent une part de rêve, se nimbent du mythe de l’aventurier, apparaissent comme les derniers hommes libres de notre monde.» La pêche leur a permis de vivre, et plus tard, corsaires et pirates ont écumé les mers.

Notre imaginaire cependant ne peut se satisfaire des mythes et des monstres peuplant cet univers. En 2030, six habitants sur dix habiteront près des mers. Il est donc important de revisiter notre histoire pour faire face aux défis du XXIe siècle. Ce livre nous y invite avec bonheur.

La mer constitue un gigantesque espace de découvertes, d’émerveillement et de conquêtes, mais surtout d’échanges : nouvelles terres, métissage entre continents, diffusion de cultures, expansion économique et survie. Des civilisations maritimes, un peu occultées pourtant, ont bâti de véritables empires, des thalassocraties. Des cartes ont été élaborées comme aide-mémoire pour les marins. Ainsi les Grandes découvertes ont-elles été le fruit d’un long processus. Le savoir a été théorisé à partir du Siècle des Lumières et, peu à peu, on en a maîtrisé les infos, pour relier des mondes, structurer les flux commerciaux et les dominer. Car «dominer les mers, c’est dominer la terre, aujourd’hui encore plus qu’hier», nous dit l’auteur.

Cependant le dessalement de l’eau de mer, les usines marémotrices, les éoliennes en mer, l’exploitation du pétrole et du gaz, des sables et d’autres ressources ne sont pas sans conséquences sur l’équilibre de la Grande Bleue. La surpêche est l’un de ces dangers. Quant aux mines sous-marines des Abysses, «là où ne règnent que ténèbres et nuits insondables (disait Hérodote)», elles font l’objet aujourd’hui des intérêts scientifiques, mais le travail demeure titanesque. Nous n’en sommes qu’aux prémices de leur exploitation.

Au sujet des enjeux politiques et économiques liés aux océans, lire l'article de Cyrille P. Coutansais, Géopolitique maritime de l'UE.

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