C’est son journal écrit au jour le jour que Michèle Fleury-Seemuller a sorti de l’oubli pour le traduire et le faire éditer. Parmi tant de souffrances, Friedel Bohy-Reiter a fait preuve d’une force extraordinaire. «Il me semble que chaque minute compte, il ne faut pas la laisser passer sans aider –nous qui avons tous les moyens à disposition […] avec force et persévérance, on peut obtenir beaucoup de choses.» S’endurcir? Oui… mais non sans pleurs, lorsque la douleur déborde. Elle donnera le meilleur d’elle-même à tous ces enfants dans la détresse: «Il faut les aimer encore plus pour les aider, les écouter, les consoler, les apaiser.»
«Le besoin d’écrire est une contrainte, en même temps qu’une délivrance […] quand je sens que mon âme s’est vidée» et doute: «Nous qui sommes ici devenons presque complices de cette véritable traite des hommes.» Alors elle s’en remet à «une force redoublée […] la force de Celui qui est unique, qui dure, qui est tout».
Ce livre est poignant de malheur et d’humanité mêlés où la moindre petite fleur ou germination printanière ouvre un espace de vie et d’espérance. Avec tact, compassion, amour.
Friedel Bohny-Reiter, Journal de Rivesaltes, 1941-1942, Chêne-Bourg, Zoé 2022, 184 p.