Une longue période de 50 ans « de refoulement, d’humiliation, de blocage, de fuite en avant » s’ensuit pour les rescapés. Mais des voix rompent aujourd’hui le silence parmi la jeune génération exilée et certaines, chargées des tensions et des souvenirs familiaux, trouvent des mots pour dire l’innommable. Ainsi celle de Maurice Dolmadjian, né en 1944, agrégé de philosophie.
Marqué au fer rouge par cette entreprise de destruction, il s’est investi dans une mission de transmission et a mené une longue quête mémorielle pour raconter l’histoire de sa grand-mère Haïganouche, qui a fui Diyarbakir avec ses quatre enfants après l’extermination de tous les artisans arméniens de la ville et juste avant la déportation des femmes et des enfants. En parallèle, il relate justement l’histoire de ses voisins de la rue des artisans, des femmes et des enfants acculés à marcher des jours et des jours, de camp en camp, jusqu’à finalement, pour les survivants, connaître l’exil.
Cette œuvre est plus qu’un «roman». Il est un témoignage poignant d’une histoire qui a possédé son auteur au plus profond de lui et qui nous touche jusqu’aux entrailles. À lire absolument.