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jeudi, 16 avril 2015 16:17

Prêtre selon François. Florilège

Peut devenir prêtre homme qui veut. Le chemin lui est tracé par la Tradition. Il devra, par contre, en choisir l’art et la manière, et c’est là sans doute que seront engagés sa foi et son discernement. Il y a autant de façon d’être prêtre que d’hommes qui endossent l’habit. C’est ce qui donne accès à la diversité des croyants. Mais en tant qu’homme d’Eglise, le prêtre doit aussi répondre à une vision et une mission communes. Que dit François à ce sujet ?

Vatican, 28 mars 2013
Homélie lors de la messe chrismale
Le prêtre qui sort peu de lui-même, qui oint avec parcimonie, perd le meilleur de notre peuple, tout comme il perd ce qui est capable d’allumer le plus profond de son cœur de prêtre. Au lieu d’être un médiateur, il se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire. Nous connaissons tous la différence : l’intermédiaire et le gestionnaire « ont déjà reçu leur récompense. » Et comme ils ne paient pas d’eux-mêmes, ni de leur cœur, ils ne reçoivent pas de merci affectueux qui vient du cœur. De là provient cette insatisfaction chez certains prêtres qui finissent par être tristes…
Vatican, 6 Juillet 2013
Aux séminaristes et novices
Quand un prêtre ou une sœur ne respire pas la joie, qu’il ou elle est triste, vous vous dites : « Il ou elle doit avoir un problème d’ordre psychique. » C’est possible […] Mais en général, ce n’est pas le cas. C’est souvent un problème d’insatisfaction […] Le vœu de chasteté, comme le vœu de célibat, murît jusqu’à la paternité. Quand un prêtre ne devient pas père de sa communauté, il devient triste. […] La racine de la tristesse dans la vie pastorale se trouve dans l’absence de paternité et de maternité (pour une sœur) qui vient de ce que l’on vit mal sa consécration, celle qui doit nous mener à la fécondité.
Brésil, 27 juillet 2013
Homélie lors de la messe avec les évêques, prêtres, séminaristes, religieux et religieuses Appelés par Dieu
[…] il est important de raviver toujours en nous cette réalité, que souvent nous tenons pour acquise au milieu de tant d’engagements quotidiens : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis », nous dit Jésus (Jn 15,16). […] Nous avons été appelés par Dieu, appelés pour demeurer avec Jésus (cf. Mc 3,14), unis à lui. […] C’est précisément cette « vie en Christ » qui garantit notre efficacité apostolique, la fécondité de notre service. Appelés pour annoncer l’Evangile : Ecoutons ! C’est ce que je vous demande de tout mon cœur ! […] Sachons perdre du temps avec eux. […] N’économisons pas nos forces dans la formation des jeunes ! S’adressant à ses chrétiens, saint Paul utilise une expression qu’il a fait devenir réalité dans sa vie : « Mes petits-enfants, vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ ait pris forme chez vous » (Ga 4,19). Nous aussi faisons-la devenir réalité dans notre ministère ! Aidons nos jeunes à redécouvrir le courage et la joie de la foi, la joie d’être aimés personnellement de Dieu. […] Appelés à promouvoir la culture de rencontre : […] Dans beaucoup de milieux s’est développée une culture de l’exclusion, une « culture du rebut ». Il n’y a de place ni pour l’ancien ni pour l’enfant non voulu ; il n’y a pas de temps pour s’arrêter avec ce pauvre dans la rue. Parfois, il semble que pour certains les relations humaines soient régulées par deux « dogmes » modernes : efficacité et pragmatisme. […] Ayez le courage d’aller à contre-courant de cette culture. […] La rencontre et l’accueil de tous, la solidarité et la fraternité sont les éléments qui rendent notre civilisation réellement humaine. […] Soyez serviteurs de la communion et de la culture de la rencontre sans être présomptueux, en imposant « nos vérités », mais au contraire guidés par l’humble et heureuse certitude de celui qui a été trouvé, rejoint et transformé par la Vérité qui est le Christ et qui ne peut pas ne pas l’annoncer (cf. Lc 24,13-35).
Assise, 4 octobre 2013
Rencontre avec le clergé, les consacrés et les membres de conseil pastoraux
Je voudrais souligner certains aspects de votre vie de communauté. Le premier est l’écoute de la parole de Dieu. […] Le projet pastoral que vous vivez insiste précisément sur cette dimension fondamentale. […] Demandons-nous quelle place à la parole de Dieu dans nos vies : suis-je syntonisé sur Dieu ou sur moi-même et les nombreuses paroles à la mode ? Le second aspect est le fait de marcher avec notre peuple […] parfois devant pour le guider, parfois au milieu pour l’encourager et le soutenir, parfois derrière pour le maintenir uni afin que personne ne demeure trop en arrière. Marcher aussi avec le peuple parce qu’il a « du flair » pour trouver de nouvelles voies sur le chemin. Le peuple possède le sensus fidei dont parlent les théologiens. Le troisième aspect est celui du missionnaire […] sortir à la rencontre de l’autre, dans les périphéries. […] A Buenos Aires, ce qui me faisait mal, c’était de trouver des enfants de familles de la classe moyenne qui ne savaient pas faire le signe de croix. C’est aussi cela vivre en périphérie. Dans votre diocèse, y a-t-il des enfants qui ne savent pas faire le signe de croix ? Pensez-y. […] Ne vous laissez pas arrêter par les préjugés, par les habitudes, par les rigidités mentales ou pastorales, par le fameux On a toujours fait comme cela ! On ne peut aller aux périphéries que si l’on porte la parole de Dieu dans le cœur et si l’on marche avec l’Eglise, comme saint François. Autrement, nous apportons nos idées, pas la parole de Dieu, et cela ne sert à personne. Ce n’est pas nous qui devons sauver le monde ; c’est le Seigneur qui le sauve.
Rome, 24 novembre 2013
Evangelii Gaudium
47. L’eucharistie […] n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles. Ces convictions ont des conséquences pastorales que nous sommes appelés à considérer avec prudence et audace. Nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs. Mais l’Eglise n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile. 135. […] L’homélie est la pierre de touche pour évaluer la proximité et la capacité de rencontre d’un pasteur avec son peuple. De fait, nous savons que les fidèles lui donnent beaucoup d’importance ; et ceux-ci, comme les ministres ordonnés eux-mêmes, souffrent souvent, les uns d’écouter, les autres de prêcher. Il est triste qu’il en soit ainsi. L’homélie peut être vraiment une intense et heureuse expérience de l’Esprit, une rencontre réconfortante avec la Parole, une source constante de renouveau et de croissance. 145. La préparation de la prédication est une tâche si importante qu’il convient d’y consacrer un temps prolongé d’étude, de prière, de réflexion et de créativité pastorale. […] Certains curés soutiennent souvent que cela n’est pas possible en raison de la multitude des tâches qu’ils doivent remplir ; cependant, j’ose demander que chaque semaine, un temps personnel et communautaire suffisamment prolongé soit consacré à cette tâche, même s’il faut donner moins de temps à d’autres engagements, même importants. La confiance en l’Esprit saint qui agit dans la prédication n’est pas purement passive, mais active et créative. Elle implique de s’offrir comme instrument (cf. Rm 12,1), avec toutes ses capacités, pour qu’elle puisse être utilisée par Dieu. Un prédicateur qui ne se prépare pas n’est pas « spirituel », il est malhonnête et irresponsable envers les dons qu’il a reçus.
Rome, 23 février 2014
Messe avec les nouveaux cardinaux
Frères cardinaux, Jésus n’est pas venu pour nous enseigner les bonnes manières, les manières de salon ! Pour cela, il n’était nul besoin qu’il descende du Ciel et meure sur la croix. Le Christ est venu pour nous sauver, pour nous montrer l’unique chemin de sortie des sables mouvants du péché. Ce chemin de sainteté, c’est la miséricorde. Etre saints n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour le salut du monde. C’est ce que le Seigneur nous demande. […] La sainteté d’un cardinal consiste en ce supplément d’oblativité gratuite. Par conséquent, aimons ceux qui nous sont hostiles ; bénissons celui qui dit du mal de nous ; saluons d’un sourire celui qui peut-être ne le mérite pas ; n’aspirons pas à nous faire valoir, mais opposons la douceur à la tyrannie ; oublions les humiliations subies. Laissons-nous toujours guider par l’Esprit du Christ, qui s’est sacrifié lui-même sur la croix, pour que nous puissions être des « canaux » par lesquels s’écoule sa charité. Entraidons-nous pour éviter des habitudes et des comportements de cour : intrigues, bavardages, cercles, favoritismes, préférences.
Vatican, 6 mars 2014
Au clergé du diocèse de Rome
Les prêtres « aseptisés », « de laboratoire », « tout propres, tout beaux » n’aident pas l’Eglise. L’Eglise est comme un « hôpital de campagne » […] je le vois comme cela, je le sens comme cela […] chers confrères, connaissez-vous les blessures de vos paroissiens ? Est-ce que vous les devinez ? Etes-vous proches d’eux ? […] Il nous arrive souvent d’entendre l’un de nos fidèles raconter avoir rencontré, dans la confession, un prêtre très « étroit » ou au contraire très « large », rigoriste ou laxiste. Il est normal qu’il y ait des différences de style entre les confesseurs, mais ces différences ne peuvent pas concerner la substance, c’est-à-dire la saine doctrine morale et la miséricorde. Ni le laxiste ni le rigoriste ne rendent témoignage à Jésus-Christ, parce que ni l’un ni l’autre ne prend sur lui la personne qu’il rencontre. Le rigoriste se lave les mains : il cloue son paroissien à la loi vue de manière froide et rigide. Le laxiste n’est miséricordieux qu’en apparence. En réalité, en minimisant le péché, il ne prend pas au sérieux le problème de cette conscience. La véritable miséricorde prend sur elle la personne, l’écoute attentivement, s’approche avec respect et vérité de la situation, et l’accompagne sur le chemin de la réconciliation.
Vatican, 26 mars 2014
Audience générale
Ceux qui sont ordonnés sont placés à la tête de la communauté. Pour Jésus, cela signifie placer son autorité au service : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier d’entre vous sera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20,25-28 ; Mc 10,42-45). Une autre caractéristique qui dérive de l’union sacramentelle avec le Christ est l’amour passionné pour l’Eglise. Le ministre se consacre entièrement à sa communauté et l’aime de tout son cœur : c’est sa famille. L’évêque et le prêtre aiment l’Eglise dans leur propre communauté, l’aiment fortement. Comme le Christ aime l’Eglise. […] C’est un grand mystère d’amour : celui du ministère sacerdotal et celui du mariage, deux sacrements qui sont la voie à travers laquelle les personnes vont habituellement à la rencontre du Seigneur. […] L’évêque, tout comme le prêtre, qui ne nourrit pas son ministère par la prière, qui n’écoute pas la Parole de Dieu, qui ne célèbre pas tous les jours, qui ne va pas se confesser régulièrement, perd petit à petit l’union avec Jésus et devient d’une médiocrité qui ne fait pas de bien à l’Eglise. C’est pourquoi nous devons aider les évêques et les prêtres à prier, à écouter la Parole de Dieu qui est le repas quotidien, à célébrer chaque jour l’eucharistie et à avoir l’habitude de se confesser. C’est très important car cela concerne précisément la sanctification des évêques et des prêtres.
Rome, 17 avril 2014
Messe chrismale
La joie sacerdotale prend sa source dans l’Amour du Père, et le Seigneur désire que la joie de cet Amour « soit en nous » et soit « pleine » (Jn 15,11). Je vois trois caractéristiques significatives dans notre joie sacerdotale : c’est une joie qui nous oint (non pas qui nous rend onctueux, imposants et présomptueux) ; c’est une joie incorruptible ; et c’est une joie missionnaire, une joie qui rayonne sur tous et attire, à commencer par les plus éloignés. Et puisque c’est une joie qui coule seulement quand le pasteur se tient au milieu de son troupeau, c’est une « joie gardée » par ce troupeau. Même dans des moments de tristesse, où tout semble s’obscurcir et où le vertige de l’isolement nous séduit, ces moments d’apathie et d’ennui que parfois nous connaissons dans la vie sacerdotale (et à travers lesquels moi aussi je suis passé), le peuple de Dieu est capable de garder la joie, de te protéger, de t’embrasser, de t’aider à ouvrir ton cœur et à retrouver une joie renouvelée.

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