Si l'art est matière de goût et l'appréciation esthétique largement une question de sensibilité,
comment certains théologiens, tel Hans-Urs von Balthasar, ont-ils pu donner à la
beauté, dans leur approche de Dieu et du divin, un statut équivalent à celui que la tradition
chrétienne assigne à l'être, au bien et au vrai ? Si nous avons de ce qui est beau
une vision subjective, si nous appelons ainsi ce qui nous plaît, comment peut-on en parler
d'une manière absolue ? Bien plus, s'agissant d'un art qualifié de sacré ou de profane,
est-il concevable de faire cette distinction sans être soi-même engagé dans la foi ?
Avons-nous, en matière d'authenticité religieuse ou de beauté, affaire à des notions
changeantes selon les cultures dans leurs dimensions à la fois sociale, historique et individuelle,
ou peut-on reconnaître une certaine permanence à nos jugements, une certaine
universalité à nos goûts ? Autant de questions difficiles, longuement débattues,
auxquelles je n'entends pas donner de réponse ici, sans renoncer pourtant à proposer
quelques distinctions qui me paraissent utiles.