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lundi, 09 mars 2020 16:18

Tom Tirabosco. Les peurs aux trousses

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Tom Tirabosco: Le sablierQui a peur de l’ensauvagement du monde? Moi? Vous? Sans doute le dessinateur Tom Tirabosco qui évoque sans complaisance, à travers des dessins et des albums engagés, l’effondrement social et écologique auquel nos sociétés font face, à l’image de ses récents ouvrages.[1] Le Genevois nous invite, dans son porte-folio ci-après, à regarder quatre de nos peurs droit dans les yeux.

Illustrateur et dessinateur de BD, initiateur de l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration de Genève, Tom Tirabosco ne reste pas crayons croisés devant les dérèglements du monde. L’homme agit comme il souhaiterait que ses contemporains réagissent, avec force et conviction, non sans finesse de traits.

P. 20 -L’arbre qui hurle ou l’effondrement de la biodiversité- «Avec la question du réchauffement climatique, le problème de la 6e extinction de masse des espèces est l’événement qui m’inquiète le plus. La vie sauvage est en chute libre. Un million d’espèces sont menacées, plus d’un tiers des oiseaux ont déjà disparu d’Europe. Les stupides et arrogants bipèdes que nous sommes risquent bien d’être les prochains sur la liste.»

P. 21 -Peurs d’enfance- «Ce sont ces peurs qui nous écrasent ou nous tirent vers le bas. La culpabilité qui nous ronge, le regard des autres qui nous juge et nous coupe les ailes. Se défaire des blessures de l’enfance et avancer sans peur dans sa vie d’adulte. Tout un programme!»

P. 22 -Le sablier- «Il est le symbole de notre inertie face à l’urgence climatique et de l’incapacité de nos dirigeants à se lancer dans la transition écologique. Le changement est tel qu’il s’agit d’accomplir un effort de guerre, un changement de fond qui passe par une totale décolonisation de nos imaginaires collectifs. C’est à la fois effrayant et passionnant. Cette bataille passe par la mort du capitalisme tel que nous le connaissons et par une décroissance de tous nos modes de vie.»

P. 23 -Daesh- «J’ai peur de la montée des intégrismes qui prennent racine dans ce monde fragile et inégal, peur de la violence faite aux femmes et aux minorités, peur de ce patriarcat qui fait la guerre, de ce masculinisme qui sert de modèle aux hommes, du virilisme qui viole la Terre et les femmes. J’ai peur de ce monde gouverné par des dirigeant se comportant comme des brutes. Notre monde souffre de trop de testostérone et aurait besoin de plus de douceur et de délicatesse.»

[1] Femme sauvage, roman graphique, Paris, Futuropolis 2019, 240 p., et La fin du monde (récit de Pierre Wazem), Paris, Futuropolis 2019, 120 p.

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