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mercredi, 28 novembre 2018 12:48

Elections en RDC

RDCLes urnes pour les élections de 2011 © MONUSCO/Myriam Asmani«Les élections ne sont pas en soi un synonyme de démocratie. Il faut encore assurer un vote libre et transparent...» En ce qui concerne le scrutin du 23 décembre en République démocratique du Congo, la chose paraît mal engagée, selon le jésuite congolais Rigobert Minani Bihuzo, interrogé par l'Agence Fides. Et ce sera probablement le candidat du Front Commun pour le Congo (FCC), Emmanuel Ramazani Shadary, l’homme que Joseph Kabila a désigné comme son successeur, qui remportera la présidence. Principal biais, l'introduction de sophistiquées machines à voter électroniques.

Le Père Rigobert Minani Bihuzo est un observateur attentif des dynamiques politiques congolaises. Fondateur de l’ONG Groupe Jérémie, il est engagée dans la promotion des droits fondamentaux et de l’éducation civique en République démocratique du Congo. Il remarque: «À partir de l’accord de la Saint Sylvestre, qui a évité en 2016 les modifications constitutionnelles qui auraient permis à Joseph Kabila de se porter à nouveau candidat, la Conférence épiscopale de RDC a travaillé sans relâche pour organiser des élections libres et transparentes. Moi aussi, j’ai travaillé avec les évêques. Cependant, ce scrutin, malgré les efforts de toute la communauté catholique et de la société civile, ne sera probablement ni libre ni correct.»

Le Père Rigobert Minani Bihuzo stigmatise la Commission électorale, qui a autorisé l’utilisation de machines à voter électroniques sophistiquées sans pour autant offrir quelque garantie que ce soit sur la manière dont elles seront programmées et sur la manière dont elles seront utilisées par les électeurs. «La population, poursuit-il, est en partie analphabète et a des difficultés à exercer le vote normal en utilisant des bulletins en papier. Comment peut-on penser que ces personnes soient en mesure de s’exprimer au travers d’un ordinateur?» Ce n’est pas seulement l’exercice du droit de vote qui préoccupe le Père Rigobert Minani Bihuzo. «La RDC est un pays immense. Les infrastructures font défaut, en particulier les lignes de communication. Comment pensent-ils de transmettre les résultats de zones reculées en direction du centre? Avec quels contrôles? Tout ceci se prête naturellement à des manipulations.»

Ainsi que le notent analystes politiques et commentateurs, la situation semble donc faite pour confirmer au pouvoir l’élite politique qui, pendant des années, a soutenu d’abord Laurent Désirée Kabila puis son fils Joseph. Le jésuite conclut: «Il n’est pas possible de penser que les élections soient par elles-mêmes synonyme de démocratie. Les élections, comme dans le cas congolais, peuvent devenir un voile derrière lequel se cache une dictature ou une oligarchie. Lorsque la population est descendue dans les rues pour protester contre ce scrutin, elle a été frappée par une dure répression. Dans ce cadre, la société civile congolaise, très active, poursuit sa lutte. Il faut aller au-delà de ces élections pour construire un véritable système démocratique. Pour ce faire, sera nécessaire un appui décidé de la communauté internationale.» (réd./Agence Fides)

 

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