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jeudi, 05 juillet 2012 12:00

Le vêtement dans la Bible

Cras 43751Alban Cras, La symbolique du vêtement dans la Bible, Paris, Cerf 2011, 165 p.

Le vêtement, qui est l'un des éléments les plus importants de la puissance symbolique des apparences, participe, à son niveau, à la révélation biblique. A travers son étude de la Bible, l'auteur démontre que le dit vêtement peut devenir un vrai symbole théologique.

Son livre est divisé en trois parties : le vêtement dans l'Ancien Testament, puis dans le Nouveau et enfin dans le christianisme. Trois versets du livre de la Genèse, lui offrent une base incontournable pour son étude : il y a l'innocence dans la nudité, puis la honte de cette nudité, enfin l'es¬pérance portée par les tuniques de peau.

Dans le Deutéronome, puis chez les Prophètes, les vêtements décrits sont soit de fête soit de pénitence soit de deuil ou déchirés. Quand le vêtement est perdu, il exprime la perte de la liberté ou la négation de l'identité - les captifs, les esclaves, les prostituées, les fous ne disposent pas plus de leurs vêtements que d'eux-mêmes. Ainsi de tout temps, lorsque des hommes veulent faire perdre à d'autres leur dignité ou leur identité, ils imposent la nudité comme signe d'abaissement, de dégradation et de destruction des rapports sociaux. Mais le vêtement va aussi symboliser la situation spirituelle des hommes : dureté des coeurs, perversité, pénitence et enfin Salut.

Le passage de l'Ancien au Nouveau Testament entraînera une réinterprétation d'un grand nombre de symboles et l'apport d'autres nouveaux et suggestifs, dans la continuité de l'Ancien. Ainsi, avec Jésus, le vêtement et la parole agissent en médiateurs : « Si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée » (Mc 5,28). Le blanc, qui manifeste l'appartenance au monde de Dieu, est moins une couleur qu'un éclat de lumière dans le Nouveau Testament. Dans les vêtements de la passion, on donne à Jésus un vêtement rouge - le rouge ornant les idoles pour les honorer. Aux yeux de ses ennemis, Jésus, qui se prétend roi, peut être ainsi assimilé aux fausses divinités. Jean, voyait-il l'image de l'Eglise répandue aux quatre coins du monde, mais cependant indivisible, dans la tunique sans couture ? Ou encore, pour Paul, revêtir le Christ exprime le rapport étroit qui unit le baptisé au Christ.

Enfin, la troisième partie nous parle des vêtements du chrétien. Le vêtement blanc, que le chrétien revêt aux grandes étapes de sa vie, devient une image désignant la nudité glorieuse. Il montre le baptisé en marche vers la résurrection. Si l'habillement est une conception de soi que l'on porte sur soi (Henri Michaud), les exemples confirment qu'il est aussi une interférence dans le regard d'autrui et donc un moyen de communication, disant quelque chose de celui qui le porte avant même qu'il ne s'exprime (Marie Balmary). Les ordres religieux ont ainsi toujours eu à coeur de spécifier, à travers leurs habits, le charisme de leur ordre. Les amateurs de symboles se régaleront de ce livre.

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