Personne n’a décidé d’exister, encore moins d’exister tel qu’il est. Cadeau ou terrible injustice ? Désir de vie ... mais limites insurmontables, jusqu’à la plus absolue, la mort. A ces questionnements, l’auteur tente de donner quelques réponses. La sagesse grecque avec le stoïcisme disait : « Supporte et abstiens-toi. » Le bouddhisme résume : tout est souffrance. La Bible propose plusieurs réponses : l’Ecclésiaste souligne : « Vanité des vanités, tout est vanité » ; Job exige de Dieu une réponse ; saint Paul s’écrie : « Les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. »
L’auteur analyse finement ce qu’est la gloire de Dieu. Il ose une « théologie fiction » entre le Père, le Fils et l’Esprit, où l’amour infini rencontre et assume nos refus d’aimer et d’être aimés. Puis il prend acte de la situation de crise permanente de l’humanité, pour s’interroger sur son sens. Décalage fondamental entre la sainteté de Dieu et l’imperfection des hommes… Et de l’Eglise bien sûr, avec ses déchirures : arianisme, schismes, papes qui se disputent la tiare, Réforme protestante, Inquisition, guerres des religions...
Enfin l’auteur se réjouit de ce que nous soyons sortis de la doctrine augustinienne du péché originel, qui fut longtemps le soleil noir de la théologie, pour vivre sous le soleil de Pâques, débarrassés d’une terrible condamnation héritée d’un autre... Le Père nous mène et nous appelle à la divinisation par son Fils. Certes, entre l’Eglise annonçant l’Evangile et l’esprit du monde environnant, la tension est manifeste. Mais elle est aussi féconde ; elle pousse les chrétiens au témoignage et à la conversion. Pécheur, l’être humain l’est dès le sein de sa mère, non pas à cause de la faute d’un lointain ancêtre mais parce que, fils d’Adam, il n’est pas encore divinisé et que Dieu veut le diviniser.
Ce désir est inscrit au plus intime de chacun. Beaucoup de psaumes et de paraboles chantent ce désir et cette attente. L’auteur en relit un certain nombre et nous offre sa vision, ne rejoignant pas celle d’Ivan Karamazov,1 pour qui une seule larme d’enfant était déjà trop coûteuse. Il a par contre l’audace de mettre dans la bouche du Ressuscité une confidence. Et c’est magnifique.
Reste une grande question : que faire face aux méchants qui usurpent le nom de Dieu, se couvrent de son autorité comme du plus sordide drapeau ? Dieu ne devrait-il pas empêcher cela ? Oui, le Dieu de nos fantasmes devrait le faire, mais ce Dieu n’existe pas ! Il n’y a que Celui qui parle au cœur et à la conscience, Celui qui appelle l’homme à courir avec lui l’aventure du service et de l’amour.
La quatrième partie de l’ouvrage tourne essentiellement autour de l’expérience de la vie communautaire qui peut irradier sur l’ensemble de la communauté humaine.
Ce livre, que je qualifie d’excellent, se termine par une prière d’Ignace de Loyola, tirée des Exercices spirituels.