Autre moment que j’instruis pour moi-même : Adam n’a pas pu transmettre à sa descendance une faute originelle, car Adam signifie d’abord l’Homme, le « genre » humain ; il n’est pas le mâle géniteur à l’origine de tous les suivants. Le mal n’apparaît dans sa génération qu’avec Caïn. Adam, pourrait-on dire, n’y est pour rien.
Le péché d’orgueil, qui a incité à placer le mal dans la volonté, n’est pas une faute, une défaillance, une faiblesse, une maladie transmissible, mais la rupture d’une relation de confiance et d’adoration. La question est donc existentielle, c’est-à-dire non pas d’essence ou de nature héritée (ce qui ne résout pas le problème) : soit une expérience que chaque homme peut et doit faire personnellement.
Mais pourquoi peut-il la faire ? L’auteur cherche une réponse du côté de Marie, ce qui est une des lumières de son livre : « Si nous croyons que tout âme humaine est créée immédiatement par Dieu et n’est pas produite par les parents, on ne peut que conclure : toute personne humaine, à cause de son âme créée par Dieu, participe de la dignité de l’immaculée conception de Marie. La transmission d’un péché originel devient impensable. »
Voilà donc les deux extrêmes opposés de ce mystère : 1 Adam transmet son mal à ceux qu’il engendre, et l’engendrement est le mécanisme de la transmission ; 2 Marie n’est pas la seule à en être exemptée, et toute âme lui ressemble.
Reste l’entre-deux de l’insertion de l’homme dans un monde à la fois bon et immonde. L’origine du Bien lui a été révélée, et fait la clarté du mystère ; l’origine (?) de l’Immonde demeure cachée dans l’obscurité du mystère, mais couvre l’homme de son ténébreux pouvoir.