Suivons donc notre guide, aumônier d'étudiants, et souvenons-nous que grâce à l'évolution des sciences physiques, biologiques et bibliques, le péché originel n'est pas un évènement historique mais une vérité anthropologique.
L'Église a dû, dès le XIXe siècle, relire autrement les Écritures et réinterpréter sa tradition pour continuer à dire l'essence de sa foi. Certains lecteurs se réjouiront qu'on ose enfin aborder tout cela, d'autres auront peut-être une impression de démolition d'un édifice que des siècles avaient laborieusement construit. D'autres encore se sentiront un peu effrayés, et enfin d'autres se diront qu'ils savaient cela depuis longtemps.
L'auteur insiste sur le fait que ce qui est remis en cause n'est ni notre foi ni ses sources, mais une interprétation particulière de la doctrine. Et de nous entraîner sur une brève histoire de la théologie qui nous aidera à nous situer où nous en sommes... En route vers le Royaume, lorsque la création elle-même sera affranchie de l'esclavage et de ta corruption et connaîtra la glorieuse liberté des enfants de Dieu (Rom 8:21 ). Le dernier concile prend acte que l'Église ne recouvre pas l'humanité entière... Nous sommes sortis du rêve d'une chrétienté, d'une société que l'Église recouvrirait ou au moins régirait entièrement. Sa mission est d'être l'instrument de la rédemption de tous les hommes. Donc, signe et moyen. Son rôle (le nôtre) est de semer sans connaître la terre où nous jetons la Parole et sans prétendre savoir si la germination prendra quelques minutes, des années ou une éternité. Vivre dans la foi: le baptême est-il sacrement d'entrée dans l'Église ou d'entrée dans la vie. L'auteur s'aventure avec courage sur ce thème, puis nous offre un discernement en clair-obscur: inconnaissances, tentations, espérance théologale et espoirs humains. Interpréter l'Écriture n'est pas l'affadir ou la contourner, mais c'est la seule manière possible de la lire. Soyons conscients que nos prières d'intercession ne nous conduisent pas à croire que nous avons, grâce à elles, une sorte de pouvoir sur Dieu pour le contraindre à agir.
Il conclut en attirant l'attention du lecteur sur les deux convictions qui ont guidé son travail, et qui sont l'histoire de la pensée chrétienne et l'anthropologie de la foi: «Il ne faut ni sacraliser ni mépriser ce qui nous vient du passé mais le recevoir avec gratitude et l'interpréter pour en recueillir les fruits.» Mieux comprendre aide à croire davantage.