L’inculturation de la foi, l’affirmation du lien entre la foi et l’engagement pour la justice, une vision pastorale plus universelle, un dialogue ouvert avec l’athéisme, la théologie de la libération, l’option préférentielle pour les pauvres, la création d’un service en faveur des réfugiés, l’intensification du dialogue oecuménique et interreligieux, Arrupe s’est engagé sur tous les fronts. Vrai prophète, il a eu la lucidité et l’audace d’anticiper, au risque d’inquiéter les plus hautes instances de l’Église qui ne lui ont épargné ni critiques ni mesures vexatoires. Au moment de l’épreuve comme au cours de sa dernière maladie, il a fait preuve d’une immense patience et d’un indéfectible optimisme, soutenu par son amour du Christ et de l’Église et une vie spirituelle – mystique – intense, nourrie par les Exercices spirituels.
D’origine basque, comme Ignace deLoyola, solidement enraciné dans la spiritualité ignatienne, le Père Arrupe a réformé et dynamisé la Compagnie de Jésus. En la ramenant à ses sources, il l’a sortie, non sans résistances, de certains vieux schémas, pour l’introduire de manière plus décisive et audacieuse dans le monde contemporain.
L’auteur de cet excellent petit livre a su dégager l’essentiel de la pensée d’Arrupe, en esquissant à grands traits un portrait fidèle de ce jésuite qui a marqué de son empreinte non seulement l’histoire de la Compagnie de Jésus, mais aussi celle de l’Église catholique à une époque particulièrement turbulente.
En terminant sa lecture, on se prend à désirer voir paraître un jour en français une biographie complète de cette personnalité d’exception qui, avec d’autres protagonistes, incarne le renouveau de l’Église à la fin du XXe siècle.