Elle qui n’avait jamais été confrontée humainement parlant à de telles situations, va s’y investir, découvrir la vraie vie. Devenir professeur des écoles spécialisées, vous apprend la patience et ce que le facteur temps signifie... on sème des graines et la floraison n’arrive que des semaines voire des mois ou des années plus tard. Reprenant une phrase de Mauriac, elle réalise que le maître d’école est bel et bien «celui qui instruit et établit l’humanité dans l’homme».
La mort de son père bien-aimé (elle avait perdu sa mère à l’adolescence) sera pour elle une grande épreuve. Mais «la petite fille espérance» la tient par la main et sa foi retrouvée grâce à Thérèse d’Avila, l’aide aussi.
Là, elle relate des souvenirs de sa vie d’instit: des enfants perturbés, abusés ou d’autres gravement malades appelés à mourir; d’autres qui écrivent des poèmes ou éprouvent de la joie à chanter; d’autres encore qui se doivent d’assister à des cours d’arabe quotidiennement de 17h à 19h, des cours qui à forte dose finissent par plomber les apprentissages fondamentaux du lire/écrire de ceux trop facilement «endoctrinables». Parfois, certaines filles sont absentes des mois entiers, envoyées dans leurs pays d’origine. Certaines reviennent et, à 16 ans, font le choix de la nationalité française. Lors d’un voyage sur l’île où elle avait vécu de nombreuses années en arrière, l'institutrice retrouve d’anciennes élèves, et c’est pour elle de très beaux moments. Son incroyable vie d’instit, elle l’aime vraiment.